Depuis le début du mois de juin 2020, une nouvelle vague de fièvre Ebola frappe la province de l'Équateur, à l'ouest de la République démocratique du Congo (RDC). On dénombre pour le moment quatre-vingt-huit contaminations et trente-six décès. Comme lors de l'épidémie précédente, contre laquelle des centaines de millions d'euros avaient été investis, certains tirent profit de la situation.
«Des exemples de ce qu'on a appelé “Ebola business” incluaient le fait de louer des véhicules aux élites pour des prix exorbitants et de payer les forces de sécurité des millions de dollars pour des escortes militaires», raconte The New Humanitarian (TNH).
Aujourd'hui, l'un des principaux problèmes est une «liste de prestataires de services» approuvés par les autorités, dans laquelle on trouve les noms de parlementaires et de fonctionnaires. Des organisations humanitaires luttant contre Ebola rapportent des pressions pour embaucher des personnes présentes sur cette liste.
Les ONG ont annoncé qu'elles recruteraient selon leurs propres critères. Mais cela a créé des tensions avec les autorités locales ainsi que des habitant·es qui aimeraient bénéficier de la manne, faisant un problème politique d'une question avant tout médicale.
Rends l'argent
Ces pratiques douteuses avaient déjà cours lors des épidémies précédentes d'Ebola à l'est de la RDC (provinces d'Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu). Elles ont alimenté la défiance, parfois violente, d'une partie des communautés locales contre les organisations humanitaires combattant la maladie.
«L'OMS, qui a soutenu le gouvernement congolais lors de l'épidémie à l'est, a versé des millions de dollars d'indemnités journalières anormalement élevées aux forces de sécurité congolaises et des sommes importantes aux fonctionnaires –dont certains participaient à la lutte contre Ebola– pour louer leurs véhicules», explique TNH, citant une autre de ses enquêtes.
Selon le coordinateur humanitaire des Nations unies, les ONG ont pris des mesures pour limiter ces problèmes: grille salariale commune, encadrement des prix des prestations, partage des bâtiments et services pour limiter les coûts.
L'OMS recrute quant à elle ses prestataires de services depuis son bureau national à Kinshasa et a mis en place un standard téléphonique gratuit pour signaler les malversations.
Néanmoins, dans la province de l'Équateur, certains officiels locaux se montrent très insistants pour que les ONG recrutent sur leur fameuse liste, ce qui a ralenti la réaction face à l'épidémie.