Grande foire au n'importe quoi, avec pourtant une intéressante substance pour l'ensemble du marché de l'art et des productions intellectuelles, le marché des NFT («non tangible tokens») ne pouvait pas ne pas, un jour, atteindre Banksy.
La BBC nous apprend ainsi cette (pas si) étonnante histoire: un inconnu a payé de sa poche 100 ethereums, soit près de 285.000 euros, pour une œuvre de Banksy sous forme de NFT. Une somme conséquente, mais une possible affaire du siècle pour ce qui se présentait comme une première de la part de l'artiste, dont la cote crève la stratosphère depuis des années.
NFT? C'est, grâce à la blockchain, une sorte d'acte de propriété intangible d'une œuvre numérique: vous n'achetez pas le fichier, qui reste reproductible à l'infini, mais êtes et restez à jamais le véritable propriétaire de ce qu'il contient.
L'individu n'a pas déboursé cette fortune au hasard. C'est sur le site officiel de Banksy qu'il a trouvé l'annonce pointant vers le site OpenSea, où se déroulait la mise aux enchères de cette œuvre sans grand intérêt, intitulée Great Redistribution of the Climate Change Disaster.
So my bid of 100 ETH was accepted for the potential #Banksy first #NFT on @opensea.
— Pranksy 📦 (@pranksy) August 31, 2021
The link was removed from his website so it could have been a very elaborate hoax, my guess is that is what it will be, only time will tell!https://t.co/EEmElqIvBZ pic.twitter.com/Pbs5zrht05
Canular 2.0
Comme le subodorait ce trentenaire appelé «Pranksy» –«prank» signifie canular en anglais– il y avait un hic: le lien vers l'annonce a promptement été retiré du site de Banksy, puis Pest Control, l'organisme responsable de l'authentification des productions de l'artiste, a très rapidement fait savoir qu'il s'agissait d'un faux.
Jo Brooks, chargée des relations publiques de Banksy, a ainsi indiqué qu'il «n'avait créé aucune œuvre sous forme de NFT», et que «aucune enchère de NFT de Banksy n'est liée à l'artiste, de quelque manière que ce soit».
Pranksy a expliqué à la BBC avoir été la victime d'une arnaque élaborée: le site de Banksy aurait pu avoir été brièvement hacké, la personne l'ayant renseigné sur l'enchère lors d'une discussion sur Discord pourrait être le hacker lui-même, et la crédibilité de l'enchère sur OpenSea a eu raison de ses défenses.
L'affaire ayant bien sûr fait quelque bruit, il semble que le ou les hackers aient pris peur: ils ont rapidement décidé de rembourser l'intégralité de la somme à Pranksy. «Le remboursement est totalement inattendu, je pense que le fait que l'affaire soit reprise dans les médias, plus le fait que j'ai découvert le hacker et l'ai suivi sur Twitter, l'ont poussé à me rendre l'argent», a-t-il avancé.
Pranksy ne sort pas financièrement indemne de l'affaire: il ne récupérera sans doute jamais la commission de 5.000 livres sterling, soit près de 6.000 euros, payée à OpenSea.
C'est à noter, il reste une dernière possibilité: que toute cette affaire ne soit pas une petite arnaque certes habile mais plutôt quelconque, mais un nouveau coup très élaboré de Banksy pour dénoncer le très précieux ridicule dans lequel le marché des NFT, devenu fou, tombe régulièrement. Ce ne serait pas le premier.