Le commerce des matières premières n'est pas un métier de tout repos. Il y a quelques mois, nous vous racontions l'histoire du trésor sur lequel le Vietnam était assis, un stock d'aluminium que le pays ne pouvait pourtant pas mettre sur le marché, alors en pleine pénurie.
Plus récemment, c'est un milliardaire chinois du nickel qui voyait son empire s'effondrer suite à un mauvais pari sur les marchés, et entraînait nombre d'investisseurs avec lui. C'est cette fois une affaire de cuivre disparu qui agite le monde des matières premières de l'empire du Milieu. Un ensemble d'entreprises, inquiètes pour leurs portefeuilles, enquêtent ainsi sur les activités d'un site de stockage dans le nord-est du pays.
Au centre de l'affaire, explique le média américain, se trouve une firme nommée Huludao Risun Trading Co., un intermédiaire de taille moyenne qui, chaque année, négocie entre 800.000 et 1 million de tonnes de cuivre. Pour ce faire, il se finance auprès d'autres compagnies, qu'il rembourse une fois le matériau revendu aux fondeurs du pays.
Ainsi que le relate Bloomberg, ces firmes majoritairement possédées par l'État chinois ont financé en amont l'achat de 300.000 tonnes. Or, il semble que le dépôt de Qinhuangdao n'en compte que le tiers, soit 100.000 tonnes. Ce n'est donc pas une mince affaire: il manque au compteur l'équivalent de 490 millions de dollars, à peu près autant en euros, de la précieuse matière première.
Opacité
Il pourrait s'agir d'un cas typique de fraude, dans un environnement complexe où la grande volatilité des marchés, depuis la crise du Covid, la reprise économique mondiale et la guerre en Ukraine, a poussé les entreprises ayant besoin de financement à diversifier leurs sources. Une opacité plus grande qui leur a, semble-t-il, parfois permis de réaliser de bien jolis tours de passe-passe comptable.
Ce qu'il est advenu du stock fantôme, mais pourtant payé, de Huludao Risun Trading Co. n'est pas encore connu. Ce trou de 200.000 tonnes, malgré le chiffre en apparence colossal, ne devrait pas avoir un impact trop important sur l'aval du marché, les fondeurs pouvant se servir des importants stocks qu'ils ont déjà constitués, explique un spécialiste de Mysteel à Bloomberg.
Cette étrange histoire de cuivre perdu, quelle que soit sa nature réelle et son explication finale, fait néanmoins suite à une autre affaire du même type, dans lequel des prêts pour de l'achat d'aluminium avaient révélé, là aussi, de très grands trous dans les inventaires.
Ces couacs aux sommes folles poussent les autorités à se pencher plus sérieusement sur les systèmes de financement des matières et leurs acteurs, apparemment pas toujours du plus grand des sérieux, voire de la plus grande des honnêtetés. Ces erreurs ou subtilisations peuvent parfois exposer à de grandes pertes les comptes d'entreprises plus importantes, comme lors du «scandale de Qingdao», en 2014.