La décennie en cours sera-t-elle celle du végétarisme? D'après Bloomberg, la consommation mondiale de viande est en déclin depuis 2020, et il y a tout lieu de croire que cette tendance va se poursuivre dans les années à venir. Le marché du bœuf est particulièrement sous pression, si l'on en croit un autre article du magazine économique.
Ce fléchissement s'est réellement généralisé. Au Brésil, la consommation de viande de bœuf a atteint un creux historique en 2022; on constate également une forte chute de ce marché en Angleterre; et aux États-Unis, les chiffres indiquent un recul de 4% des ventes par rapport à l'année précédente. Même l'Argentine, temple des mangeurs et mangeuses de viande rouge, accuse le coup.
Dans le pays de Lionel Messi et du pape François, le barbecue local, ou asado, est une institution absolue, si bien que même durant les pires crises financières traversées par Buenos Aires –et il y en a eu des sévères–, la consommation de viande n'a guère bougé. Mais ces derniers mois, la situation a changé: les prix exorbitants ont contraint la population locale à davantage se tourner vers le poulet ou les protéines végétales. «Aujourd'hui, faire un barbecue, c'est du luxe», constate avec effarement un citoyen interrogé par Bloomberg.
En Argentine, la consommation de bœuf devrait diminuer de 2% d'ici à 2023, ce qui est finalement assez peu si on la compare à ce qui devrait se produire dans d'autres pays: aux États-Unis, le marché pourrait bien chuter de 5% sur l'année à venir, affirment les spécialistes.
97,5% d'inflation
Observée sur plusieurs décennies, la tendance est encore plus parlante. En Argentine, la consommation de bœuf est passée de 64,9 kilogrammes par habitant et par an en 2000 à 48,4 en 2022. Sur la même période, les marchés brésilien et états-unien ont également connu des baisses sensibles, bien que moins impressionnantes.
Il faut dire que les prix ont eux aussi évolué de façon radicale, comme l'illustrent les chiffres britanniques: en une année, sur l'ensemble des catégories vendues, ils ont augmenté d'environ 9%; consommation a elle aussi diminué de 9% Le secteur des grillades est particulièrement en tension, avec des prix en hausse de 12% et une consommation en chute libre (–21,7% sur un an).
Se dirige-t-on vers la disparition progressive des barbecues estivaux? Probablement pas. En revanche, il se pourrait que le poulet –s'il ne succombe pas à une crise majeure comme l'actuel tsunami de grippe aviaire aux États-Unis–, les légumes et les substituts non carnés gagnent peu à peu en importance sur la grille de départ.
À moins qu'on y trouve simplement de moins en moins de nourriture: une étude a montré qu'entre décembre 2021 et décembre 2022, à Buenos Aires, le secteur alimentaire avait connu une inflation de 97,5%. Quand le caddie coûte deux fois plus cher à remplir, beaucoup n'ont d'autre choix que de se serrer la ceinture.