Le nom de David Burt ne vous dit peut-être rien. En 2007, cet investisseur était consultant chez Cornwall Capital, une entreprise devenue célèbre pour avoir prédit à temps l'effondrement de la bulle immobilière nourrie par les subprimes –et s'être enrichie dessus, comme le raconte le livre The Big Short, porté à l'écran par Adam McKay en 2015.
Dans une interview pour Vice, Burt estime que la prochaine crise immobilière pourrait être provoquée par le changement climatique, et en particulier par la montée des eaux. Comme en 2007, c'est selon lui un risque prévisible mais sciemment ignoré par celles et ceux susceptibles de réaliser d'immenses profits à court terme en exploitant la situation.
Aux États-Unis, ce jeu dangereux devrait normalement être freiné grâce aux efforts de la FEMA, une agence gouvernementale notamment chargée d'identifier les zones inondables. Construire ou acheter dans ces zones oblige à souscrire à une assurance inondation.
La production cartographique de l'agence devrait en théorie fournir une base solide au marché de l'immobilier. Seulement, ses cartes sont régulièrement accusées d'être dépassées, de ne pas prendre en compte le changement climatique ou de pouvoir être manipulées par des gouvernements ou collectivités locales.
Non seulement les personnes qui possèdent des propriétés ne se trouvant pas sur les cartes risquent de ne pas être indemnisées en cas de catastrophe, mais en plus, la valeur de leur bien est artificiellement gonflée puisqu'elles n'ont pas à payer d'assurance alors qu'elles en ont besoin –une recette parfaite pour une crise majeure.
Pire qu'en 2008
D'après David Burt, «c'est aujourd'hui une dynamique très différente qui créé une erreur d'évaluation des prix, mais en termes de magnitude, c'est similaire [à 2007] et peut-être même encore plus important» –d'autant que pendant ce temps, les crédits immobiliers sur ces propriétés sont échangés à Wall Street.
Deux chercheurs de HEC Montréal ont déterminé que les banques commerciales vendaient ces prêts risqués à Freddie Mac et Fannie Mae, des sociétés soutenues par le gouvernement, donc par les contribuables des États-Unis, depuis leur nationalisation en catastrophe au cours de l'année 2008.
Ces entreprises, censées financer le secteur des prêts hypothécaires, permettent ainsi aux institutions privées d'extérioriser les risques liés aux catastrophes climatiques et de supposer qu'en cas de crise, le gouvernement les sauvera une nouvelle fois de la noyade.
Les propriétés touchées par la crise des subprimes sont restées debout. Depuis, le prix de certaines d'entre elles a donc pu remonter. Les choses seront bien différentes avec le dérèglement climatique: la valeur des biens touchés sera nulle, parce qu'ils seront tout simplement sous l'eau.