Souvenez-vous, c'était hier ou presque. Une explosion des tarifs des containers et des navires qui les transportent; des bateaux faisant la queue au large de ports débordés; Coca-Cola obligé d'affréter ses propres vraquiers: il y a quelques mois, la forte reprise économique et industrielle globale après la crise causée par la pandémie de Covid-19 plongeait le monde dans une crise logistique sans précédent.
Bonne nouvelle: comme l'indiquait Bloomberg dimanche 9 octobre, les choses sont en train de revenir à la normale et les chaînes logistiques pourraient retrouver la sérénité dès les premières mois de 2023. Mauvaise nouvelle: comme l'explique le Financial Times, ce n'est en fait pas une bonne nouvelle pour l'économie mondiale.
Les temps d'attente dans les grands ports mondiaux diminuent. Les capacités de transport remontent et les prix chutent. Mesurée par la Réserve fédérale, la pression sur les chaînes logistiques est déjà revenue à son niveau de fin 2020 et l'inflation est surtout due au choc énergétique provoqué par la Russie.
Trompe-l'œil
Mais alors, où le bât blesse-t-il? Selon Alan Beattie, qui analyse ces phénomènes pour le quotidien britannique dans une chronique nommée «Trade Secrets», la crise était de nature transitoire, notamment provoquée par une forte demande en biens particuliers lors des confinements et après leur levée.
Et si les choses s'équilibrent, ce n'est pas parce que des investissements massifs ont été faits dans le transport mondial, en particulier maritime, mais parce que cette demande est en train de s'écrouler. Si les choses vont mieux, c'est parce qu'elles vont aller mal et que le le monde se prépare déjà à la récession qui vient –comme le montrent également d'autres indicateurs, le cours du cuivre par exemple.
C'est par ailleurs en ligne avec ce que prévoit l'Organisation mondiale du commerce (OMC): le 5 octobre, elle révisait ses chiffres de croissance des échanges mondiaux pour 2023 à +1%, par rapport aux +3,4% précédemment calculés.
Politique stricte des banques centrales et en premier lieu de la Fed américaine; choc énergétique et hausse des coûts de production; politique zéro Covid sans pitié pour l'économie en Chine; hausse du dollar mettant les pays émergents en grande difficulté: tout, selon l'OMC, s'aligne pour que l'économie ralentisse. Donc, que la demande stagne ou baisse, et que le transport maritime soit moins débordé.
Voguant d'un extrême à l'autre, le monde semble ne pas savoir choisir et les mois qui viennent risquent d'être compliqués.