Les gouvernements vont devoir réagir pour ne pas s'effondrer sous l'augmentation de la dette. | Rupixen via Unsplash
Les gouvernements vont devoir réagir pour ne pas s'effondrer sous l'augmentation de la dette. | Rupixen via Unsplash

La répression financière, une vieille technique pour contenir la dette

Alors qu'une crise économique se profile, les gouvernements devraient tirer les enseignements de l'après-guerre.

De la France aux États-Unis, la rhétorique militaire a été très utilisée par les pouvoirs publics pour décrire la lutte à mener contre l'épidémie due au coronavirus. Donald Trump, Emmanuel Macron ou Boris Johnson ont tous répété que leur pays était «en guerre» contre le Covid-19.

Si les métaphores guerrières s'avèrent souvent hasardeuses, il existe un point commun entre une situation de conflit celle que nous a fait vivre l'épidémie: les États en ressortent très endettés au moment même où ils vont devoir s'employer à reconstruire leur économie.

Des centaines de milliards ont été et seront dépensés pour la soutenir et éviter qu'elle ne s'effondre. Avec un chômage en augmentation et beaucoup de secteurs économiques durement touchés, les rentrées fiscales devraient elles aussi s'amenuiser.

Pour remédier à la récession, on pourrait faire le choix d'imiter la stratégie que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient utilisée après la Seconde Guerre mondiale. Ces pays avaient mis en œuvre la répression financière, décrite par Carmen M. Reinhart, Jacob F. Kirkegaard et M. Belen Sbrancia comme «la décision officielle de réserver à des usages publics (et habituellement à des taux inférieurs à ceux du marché) les fonds qui seraient autrement allés à d’autres emprunteurs».

«Dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale, la Réserve fédérale et le département du Trésor américains ont mené une opération conjointe pour soutenir le prix des obligations d'États, afin de maintenir les taux d'intérêt à un niveau bas», explique Paul Hannon du Wall Street Journal.

«Des mesures prises aux États-Unis et ailleurs ont en outre fixé des limites aux taux d'intérêt payés par les banques, rendant les alternatives aux obligations d'États moins attractives pour les investisseurs.»

Aller à l'encontre de l'orthodoxie financière

Après-guerre, ce système «a eu un rôle instrumental en permettant de réduire ou liquider les stocks de dette accumulée pendant la Seconde Guerre mondiale», explique une étude menée en 2015 par les économistes Carmen Reinhart et Belen Sbrancia.

Keith Wade, le chef économiste de l'important groupe de gestion d'actifs Schroders, estime dans le Wall Street Journal qu'«il est de plus en plus probable que les gouvernement fassent appel à la répression financière afin d'éroder le ratio de la dette par rapport aux revenus».

Ce système marche mieux lorsque l'inflation est en hausse, mais cela fait des années que les banques centrales échouent à la faire légèrement augmenter. Le ralentissement de l'économie du fait de la crise liée au coronavirus les a encore un peu plus éloignées de leurs objectifs. Elles ne peuvent non plus pousser trop fort dans le but d'obtenir un regain d'inflation au risque de ne plus réussir à la contrôler.

La répression financière nécessite une collaboration étroite entre les banques centrales et les autorités financières, ce que l'orthodoxie financière réprouve. Cependant, les États-Unis ont déjà fait un pas dans cette direction afin de financer leur stimulus économique.

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