C'est un record. Selon Bloomberg, les dettes cumulées par les foyers, gouvernements et entreprises du monde entier s'élèvent en 2019 à 250 billions de dollars, soit 225.000 milliards d'euros environ. Le calcul est certes simpliste mais il frappe les esprits: cela représente près de 30.000 euros par être humain vivant sur la planète.
Le site américain note que cette dette a explosé depuis la crise financière de 2008. Elle a ensuite été alimentée par des crédits peu onéreux, du fait de taux d'intérêt très faibles les rendant plus supportables par celles et ceux qui les portent.
Le paradigme même de la dette est en train de changer. Dans un climat économique mondial morose, des institutions autrefois prudentes voire sévères, telles que la Banque centrale européenne ou le Fonds monétaire international, demandent à certains États de dépenser plus pour soutenir l'activité –et en retirer les fruits plus tard.
Les tenants de la théorie monétaire moderne considèrent quant à eux que les États devraient financer le plein-emploi en faisant fonctionner la planche à billets.
L'urgence climatique pousse elle aussi vers le creusement de la dette globale. Pour sa propre version du Green New Deal, Bernie Sanders a par exemple proposé un plan radical de 16.300 milliards de dollars.
Si les bénéfices de telles transformations pour les économies peuvent être immenses, et si l'économie des surcoûts liés au changement climatique peuvent aussi soulager les budgets, de telles politiques publiques fortes supposent, a priori, un endettement très important.
En attendant la croissance
Bloomberg note que certain·es économistes s'inquiètent tout de même de ce monde placé dans un découvert rouge foncé et permanent. Les ménages peuvent avoir du mal à assainir leurs finances et sont parfois à la merci d'un changement de conjoncture –la crise des subprimes reste dans tous les esprits. Les seul·es étudiant·es américain·es cumulent 1.350 milliards de dettes avec lesquelles certain·es ont à se débattre tout au long de leur vie.
En Chine, les «entreprises zombies», dont la croissance de l'activité ne pourra jamais suffire à couvrir les emprunts déjà contractés, se multiplient. Les défaillances des entreprises américaines, très endettées, atteignent également un niveau menaçant.
La solution réside donc dans le retour d'une croissance soutenue mais, malgré les investissements, rien ne garantit qu'elle viendra nécessairement. La dette redeviendrait alors un lourd fardeau, comme c'est –à nouveau– le cas pour l'Argentine.
«La dette n'est pas un problème tant qu'elle est tenable», conclut Garcia Herrero, économiste pour Natixis. «La question est de savoir si cette génération massive de dette depuis la crise financière globale finira par être rentable.»
En attendant qu'elle le soit, les gouvernements naviguent entre relances timides et politiques d'austérité, entre coupes budgétaires drastiques et politiques d'accompagnement minimales, ce dont les peuples ne se satisfont pas toujours.