Qu'a-t-on à craindre lorsque l'on est l'homme le plus riche du monde? Généralement, pas grand-chose. Mais Elon Musk aime beaucoup trop l'attention médiatique pour ne pas essayer en permanence de se faire remarquer, quitte à se mettre lui-même dans le pétrin.
Son dernier coup d'éclat: annoncer en fanfare son souhait de racheter Twitter, avant de finalement se rétracter malgré une procédure déjà engagée. Seulement, Twitter ne compte pas le laisser s'en tirer, et cela pourrait lui coûter cher. Quartz a demandé à plusieurs experts ce que le PDG a le plus à craindre.
Tout en haut de la liste figure Kathaleen McCormick, la chancelière de la Cour de chancellerie du Delaware, où Twitter a attaqué le milliardaire en justice.
Ce tribunal vieux de 230 ans est une «equity court» qui peut apporter aux conflits qu'elle doit arbitrer des solutions qui ne sont pas strictement prévues par la loi. Plutôt qu'une simple amende, il pourrait forcer Musk à compléter la transaction de 44 milliards de dollars à laquelle il s'était engagé.
Les juges de ce tribunal, et donc Kathaleen McCormick, ont la réputation d'être compétents, expérimentés et très efficaces. «Je ne pense pas qu'elle sera déroutée par des tentatives de distraction ou de brouillage de l'affaire qui pour l'instant, sans ajout de nouvelles informations, semblent être les seuls espoirs pour Musk», estime Ann Lipton, une spécialiste en droit des affaires à l'université de Tulane.
Nuée de soucis
La seconde menace est le gendarme financier des États-Unis, avec lequel Musk a déjà croisé le fer. Elon et son frère Kimball sont soupçonnés de délit d'initiés après avoir vendu l'équivalent de 108 millions de dollars (105,7 millions d'euros) en actions Tesla juste avant d'annoncer le projet de rachat du réseau social. Cette annonce a brusquement fait chuter le cours de Tesla.
Pour finir, la troisième menace vient des actionnaires de Tesla. «Si le tribunal le force à acheter Twitter, il y a fort à parier que Musk utilisera ses actions Tesla en tant que garantie pour une partie du prix d'acquisition», explique à Quartz un expert en droit des entreprises.
C'est précisément ce qu'a fait le milliardaire en vendant pour 6,9 milliards de dollars d'actions du constructeur entre le 5 et le 9 août, en prévision d'une éventuelle transaction forcée et pour éviter une transaction dans l'urgence.
Yes.
— Elon Musk (@elonmusk) August 10, 2022
In the (hopefully unlikely) event that Twitter forces this deal to close *and* some equity partners don’t come through, it is important to avoid an emergency sale of Tesla stock.
Ce type de vente, malgré des promesses publiques au printemps que Musk ne se délesterait plus d'actions Tesla dans l'immédiat, pourrait déplaire à une partie des actionnaires de la firme, qui ne tiennent pas à ce que le PDG soit occupé ailleurs, ou que la valeur de leurs actions soit liée au sort du réseau social.
Si ces investisseurs échaudés venaient à faire baisser un peu plus le cours de Tesla, Musk se retrouverait en mauvaise posture –toutes proportions gardées bien sûr. Car comme le souligne Jennifer Grygiel, une spécialiste en finance et réseaux sociaux, «au pire, il descend de quelques places dans la liste Forbes [...] et hérite d'une puissante plateforme[...] C'est toujours gagnant-gagnant quand vous êtes aussi riche.»