À tous les étages. | Patrick Federi via Unsplash
À tous les étages. | Patrick Federi via Unsplash

Un peu d'optimisme: et si, finalement, l'Europe se retrouvait avec trop de gaz?

De la panique au surplus en quelques mois.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les sanctions qui s'en sont suivies, l'Europe est saisie d'une légitime panique: comment se passer des flux de gaz jusque là achetés à Moscou, qui représentent 40% de la fourniture du continent?

Comment survivre économiquement à un hiver durant lequel les tarifs du précieux carburant, qui irrigue industries comme foyers, explosent à ce point à la suite de la fermeture des robinets russes par le Kremlin ou encore aux dommages crapuleux causés aux pipelines, comme les explosions ayant touché Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, le 24 septembre dernier?

Les scénarios du pire ont été imaginés, et l'Europe s'est organisée en conséquence. Pour remplacer le gaz venu de l'Est, et au prix d'importantes concessions écologiques, elle a cherché à diversifier au maximum ses sources d'approvisionnement. Elle importe notamment des quantités astronomiques de gaz naturel liquéfié américain depuis quelques semaines, et plus récemment du mozambicain, de l'algérien ou même du qatari.

Et elle ne s'en sort peut-être pas aussi mal qu'anticipé aux premiers jours de la crise. Très surveillée depuis des mois, la capacité de stockage de l'Allemagne est ainsi à son maximum, signe que le pays –comme d'autres– peut voir venir l'hiver de manière un peu plus apaisée.

Tout ceci n'a pas empêché les prix de l'énergie sur les marchés d'être décuplés ces derniers mois, entraînant mécaniquement une inflation galopante en Europe, une crise pour les industriels et les fournisseurs (en particulier britanniques), ainsi que de graves difficultés pour les foyers au secours desquels les gouvernements sont souvent venus, au prix de dépenses colossales.

Résultat, la Banque centrale européenne a dû procéder à des hausses drastiques de ses taux (le taux d'intérêt a été relevé à 1,5%, un niveau inédit depuis 2008), et le continent dans son ensemble semble condamné, à brève échéance, à une récession jugée «probable» par l'institution dirigée par Christine Lagarde.

Le verre à moitié plein

À moins que... Car ces sombres perspectives reposent en partie sur un scénario du pire. Or, dans la vie, le pire n'est jamais certain. Bloomberg imagine donc une situation où, réussissant sa prise d'indépendance face aux énergies russes, l'Europe réussit en partie à sauver son hiver –et les saisons qui suivent.

Comme le note le journal américain, l'hypothèse actuelle est celle d'un prix de l'énergie de 200 euros le mégawattheure, déterminé par l'offre et la demande et calculé par le Fonds monétaire international. Sur cette base, les dépenses énergétiques des Européens pourraient atteindre 5% du PIB du continent en 2023, à comparer avec les 1,2% de 2021.

Mais ce modèle est peut-être déjà dépassé. Le stockage est plus abondant que prévu et l'Europe dans son ensemble, qui certes n'a pas encore traversé de période de grands froids, a réussi à faire chuter la demande en gaz de 17% par rapport à la moyenne des cinq hivers précédents.

Cela ne change pas tout, mais tout de même beaucoup de choses. Si ces tendances se confirment, Bloomberg calcule que le prix de l'énergie pourrait baisser à 175 euros le mégawattheure. C'est insuffisant pour éviter une récession, mais cela permettrait à l'Europe de ne dépenser «que» 4% de son PIB en énergie, donc de limiter quelque peu la casse.

Le site note en outre que le prix actuel est sans doute aussi tiré vers le haut par la spéculation et les prévisions jusqu'ici très sombres des acteurs du marché. Les actions de l'Union européenne et des perspectives plus lumineuses pourraient en réalité amener les prix de l'énergie à chuter à un niveau plus acceptable de 100 euros le mégawattheure.

Les dépenses énergétiques de l'Union représenteraient alors 2,3% de son PIB. L'inflation pourrait commencer à décroître plus nettement, la Banque centrale européenne pourrait revoir la politique de hausse des taux.

En conséquence, au lieu d'une récession potentiellement dure, l'économie européenne pourrait retrouver le chemin d'une légère croissance. Elle serait estimée à 1,1% en 2023, selon ce modèle optimiste imaginé par Bloomberg –et pour une fois, nous allons essayer de nous accrocher à ces perspectives positives.

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