Le 12 octobre, un groupe de 850 joueurs de foot britannique a envoyé des courriers de mise en demeure à dix-sept entreprises de paris sportifs afin d'obtenir un indemnisation pour la réutilisation de leurs données personnelles, rapporte la BBC. Ils exigent également le versement de frais annuels pour toute réutilisation future.
L'action est dirigée par Russell Slade, l'ancien entraîneur de Leyton Orient et de Yeovil Town, et cofondateur de Global Sports Data and Technology, une entreprise spécialisée dans la gestion des données sportives.
En vertu du Règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai 2018 dans l'Union européenne, les entreprises collectant des données personnelles sur les utilisateurs doivent leur demander leur consentement.
Or, selon Russell Slade, les joueurs de football ne consentent pas individuellement à l'utilisation de leurs données. «La quantité de données utilisées est incroyable, s'énerve l'entraîneur. Pour un seul joueur –et je ne parle pas d'un joueur de Premier League ou même de championnat– on compte plus de 7.000 statistiques différentes.»
Ces dernières incluent les performances (nombre de buts marqués, passes réussies, temps de jeu...), mais aussi la taille, le poids, la nationalité ou le nombre de clubs dans lesquels le joueur a évolué.
Une grande portée au-delà du football
Or, non seulement les données sont collectées sans consentement, mais elles s'avèrent parfois fausses. «J'ai eu un arrière central où sur une plateforme, sa taille était de 1,70 m. Ce n'est pas un problème ici, car les gens le connaissent, mais cela aurait pu être un problème pour obtenir un emploi à l'étranger», se plaignait déjà Russell Slade en 2020.
Le versement d'indemnités n'aura sans doute pas beaucoup d'importance pour les joueurs touchant déjà de très hauts revenus par ailleurs, reconnaît Russell Slade. En revanche, elles seraient bien plus significatives pour les joueurs du bas de la pyramide, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. «L'utilisation des statistiques dans le sport est devenue une partie essentielle du jeu moderne», estime Russell Slade.
«En tant qu'acteurs du football, nous avons notre mot à dire. Si vous occupiez un autre emploi, comme enseignant ou avocat, et que ce genre de détails était transmis dans votre milieu professionnel, vous ne seriez certainement pas très content. Ce n'est pas parce qu'un footballeur fait partie du domaine public qu'il doit être négligé.»
Si cette action en justice était couronnée de succès, cela pourrait avoir une grande portée au-delà du football, avance la BBC. Selon la chaîne britannique, des discussions sont déjà en cours dans d'autres sports professionnels pour des recours concernant l'utilisation de données personnelles.