Cette semaine pourrait bouleverser la politique monétaire britannique. La Bank of England (BOE), la banque centrale du Royaume-Uni, commence à préparer le pays à l'éventualité d'adopter un taux directeur négatif.
Cette politique financière non conventionelle consiste à sanctionner l'épargne et à favoriser le crédit. Concrètement, plutôt que les rémunérer, la banque centrale fait payer les banques commerciales si elles déposent leurs réserves excédentaires dans ses coffres. Cela pousse les institutions à proposer des conditions de prêts très intéressantes à leur clientèle et, en théorie, dope l'économie.
Cette politique a déjà été utilisée, notamment en Europe et au Japon, mais jamais par la Bank of England, vieille institution fondée en 1694. La Grande-Bretagne envisage d'adopter cette mesure afin de relancer une économie en très mauvaise posture, prise en tenaille entre le Brexit et le Covid.
Andrew Bailey, le gouverneur de la BOE depuis l'an dernier, doit donc trouver une solution pour empêcher l'économie de sombrer et favoriser une reprise rapide lorsque le Covid-19 battra en retraite. Mais il doit dans le même temps rassurer les banques commerciales, pas vraiment emballées par la mise en place d'une politique monétaire aussi peu orthodoxe.
Un coup de bluff?
D'après des économistes et banquiers interrogés par Bloomberg, il est toutefois peu probable que la banque centrale applique cette mesure dans les semaines qui viennent. Sur quatorze économistes que le média a sondés, un seul pense qu'un taux directeur négatif pourrait être mis en place à court terme.
En revanche, la BOE a donné six mois aux banques du pays pour se préparer à l'éventualité de taux négatifs, la politique faisant désormais officiellement partie de sa boîte à outils.
Car même si leur mise en œuvre immédiate est écartée, l'option ne sera pas pour autant mise sous le tapis. «Il ne vont pas le faire, mais il ne vont pas arrêter le bluff», estime Mark Nash, un cadre de Jupiter Asset Management.
Garder l'option sur la table pourrait ainsi pousser les banques à continuer d'elles-mêmes d'accorder un maximum de prêts, afin d'éviter de se retrouver contraintes d'appliquer de tels taux à l'avenir.