La décision du président Trump d'interdire au géant chinois Huawei d'acheter ses équipements aux États-Unis a mis le feu aux poudres dans une guerre commerciale opposant depuis quelques mois les deux plus grandes puissances de la planète.
La bataille s'accélère pour l'heure sur le plan juridique, l'entreprise de téléphonie chinoise brandissant l'argument anticonstitutionnel pour demander l'annulation de la mesure, qu'elle juge «tyrannique».
Mais l'exclusion du marché américain risque également d'ouvrir la voie à des représailles économiques contre plusieurs entreprises américaines.
Apple dans le viseur
La société californienne, qui fabrique ses téléphones et tire un cinquième de ses revenus en Chine, est sans doute la cible la plus évidente. Un boycott informel de la marque à la pomme avait déjà été lancé par des entreprises chinoises à la fin 2018, incitant leur personnel à privilégier le fabricant local Huawei. Une nouvelle action de ce type n'est pas à exclure.
Le bannissement de la firme chinoise outre-Atlantique pourrait avoir des répercussions sur les ventes d'iPhone dans l'empire du Milieu: Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, projette une baisse de l'ordre de 3% à 5% au cours des douze à dix-huit prochains mois.
Terres trop rares
La carte maîtresse que s'apprêterait à jouer la Chine dans cette nouvelle guerre froide est celle des matières premières. Le pays a indiqué qu'il serait prêt à couper l'approvisionnement des États-Unis en terres rares, dix-sept minéraux essentiels à la fabrication de téléphones portables, de voitures hybrides ou encore d'armes, sur lesquels il dispose d'un solide leadership.
Un coup dur pour le camp américain, qui dépend à 80% de la Chine pour se fournir en terres rares. L'administration Trump pourrait accélérer certains projets locaux en la matière pour retrouver un peu d'indépendance, mais un tel processus est long et son coût environnemental serait immense.
Autre levier important pour la Chine: le soja, qu'elle importait massivement d'Amérique. La chute avait été impressionnante entre 2017 et 2018 (de 12,2 milliards de dollars à 2,1 milliards de dollars, soit -74%), la dégringolade est désormais totale: il a été annoncé que les importateurs chinois de soja stoppaient intégralement leurs activités avec les États-Unis, en réponse aux manœuvres de Donald Trump.