C'est un drôle de problème mais un problème sérieux qui, aux États-Unis, entame quelque peu le phénoménal succès des chaînes de restauration rapide centrées sur le poulet telles que KFC, Chick-fil-A
ou Krispy Krunchy Chicken: elles craignent de manquer d'animaux.
Pas n'importe lesquels, rapporte le Wall Street Journal (WSJ). Ce sont les petits poulets, ceux de deux kilos environ, qui sont victimes de leur succès et de nos appétits. Considéré comme plus tendre et plus savoureux que ses plus gros congénères, c'est en effet sur ce volatile de petite taille que reposent les produits vedettes des chaînes, des buckets aux sandwichs, autour desquels une guerre sans pitié a eu cours ces dernières années.
Problème: si la demande croît, également portée par les commerces de proximité, la production, elle, ne suit pas. «C'est devenu beaucoup plus difficile pour nous de trouver ces petits oiseaux», explique au WSJ Dan Shapiro, patron de la chaîne Krispy Krunchy Foods.
Petit mais costaud
De son côté, KFC a prévenu, dans un message interne destiné à ses franchisés, que les tensions sur le marché des petits poulets risquait de faire grimper les coûts de production de leurs buckets de manchons. La chaîne envisage en outre d'autoriser l'utilisation de volatiles un peu plus gros pour ces produits stars dans certaines régions des États-Unis, afin de faire baisser cette pression.
En cause selon elle: l'inadéquation entre les choix des éleveurs industriels (comme Tyson), qui préfèrent logiquement la plus grande profitabilité des plus gros poulets, et une demande pour les produits nécessitant de petits volatiles qui n'a cessé d'augmenter ces dernières années.
Le coût d'élevage de ces deux bêtes est similaire, mais les plus gros poulets offrent plus de viande à ceux qui veulent les dévorer, c'est donc une décision somme toute logique. En cas de hausse du cours de leurs muscles, le calcul est vite fait pour ces usines géantes, et en particulier pour celles chargées de la transformation.
Ainsi, selon des chiffres du ministère américain de l'Agriculture, rapportés par le WSJ, la part des petits poulets abattus chaque semaine est passée de 30% en 2005 à 15% en 2023. Mais si les prix des gros poulets, après une forte hausse lors de la pandémie de Covid-19, a fini par redescendre, ce n'est pas le cas de celui de leurs congénères de 2 kilos, qui reste à un niveau élevé.
Les producteurs ont donc annoncé leur volonté de produire, à nouveau, plus de petits poulets. Réadapter l'offre à la demande risque néanmoins de nécessiter du temps: les exploitations et élevages, tout comme les usines de transformation, nécessitent d'importantes adaptations pour produire et transformer ces volatiles qui sont au centre de tous les appétits.