Pour 3,5 millions de livres libanaises, t'as plus rien. | Joseph EID / AFP
Pour 3,5 millions de livres libanaises, t'as plus rien. | Joseph EID / AFP

Au Liban, les familles dépensent cinq fois le salaire minimum pour se nourrir

Bâtie comme une pyramide de Ponzi, l'économie s'effondre.

Les ménages libanais dépensent désormais cinq fois le salaire minimum pour leurs seuls besoins alimentaires, selon un rapport de l'Observatoire de la crise de l'université américaine de Beyrouth publié le 21 juillet.

Une famille de cinq personnes doit désormais débourser 3,5 millions de livres libanaises par mois, là où le salaire minimum s'élève à 675.000 livres, a calculé l'Observatoire dont les conclusions sont relayées par le site L'Orient-Le Jour.

Le prix d'un panier alimentaire de base a augmenté de plus de 50% rien que sur le mois dernier, et rien ne semble pouvoir freiner la tendance. La flambée des prix résulte principalement de la chute vertigineuse de la livre libanaise, qui a perdu plus de 90% de sa valeur face au dollar américain au cours des dix-huit derniers mois, mais aussi de la crainte des commerçants de voir leur marge se réduire dans un contexte de forte volatilité, explique le chef de l'Observatoire, Nasser Yassine.

Depuis 2018, le pays est plongé dans «une des pires crises économiques au monde depuis 1850», selon un rapport de la Banque mondiale. Le PIB du pays est passé de 55 milliards de dollars en 2018 à environ 33 milliards de dollars en 2020, tandis que le PIB par habitant reculait de 40%.

«Une contraction aussi brutale est généralement observée en temps de conflit ou de guerre», observe le rapport, qui attribue la dégringolade de l'économie en grande partie à une classe politique corrompue et incapable de gérer la crise.

Le grand effondrement

Le Liban a pourtant longtemps joui d'un secteur bancaire florissant, réputé dans tout le Moyen-Orient. Le centre-ville de Beyrouth, entièrement reconstruit après la guerre civile entre 1978 à 1990, s'érigeait alors de gratte-ciel construits par des architectes internationaux et de centres commerciaux chics remplis de boutiques de créateurs, se souvient Reuters.

Mais le système financier libanais, décrit comme une pyramide de Ponzi par plusieurs économistes, reposait en grande partie sur l'attraction des capitaux de la diaspora et la générosité des États du Golfe.

Lorsque les transferts ont commencé à diminuer, le pays a continué à importer massivement des biens. Pour se financer, la Banque du Liban a alors offert aux banques un rendement mirobolant pour leurs dépôts en dollars, ce qui a conduit à un épuisement rapide de ses réserves. En juin dernier, le gouverneur de la Banque du Liban a ainsi annoncé ne plus être en capacité de financer le programme de subvention à l'achat des produits de première nécessité.

Aujourd'hui, la quasi-totalité des banques sont en faillite, selon un rapport publié en 2020 par l'avocat et économiste américain James Rickards. Le pays a fait défaut sur sa dette l'an dernier, incapable de rembourser une échéance de 1,2 milliard de dollars.

Dans la plupart du pays, l'électricité est à peine disponible une heure par jour, les pompes à essence sont vides et les médicaments de base ont disparu des rayons des pharmacies. Un bien triste destin pour un pays longtemps surnommé la «Suisse du Moyen-Orient».

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