Dollar dollar bill, y'all. | Mufid Majnun via Unsplash

Dollar dollar bill, y'all. | Mufid Majnun via Unsplash

Des millions de billets de banque manquent à l'appel et personne ne s'en soucie

Comment expliquer que les banques centrales en impriment plus alors qu'ils sont moins utilisés?

Nous utilisons de moins en moins d'argent liquide. Cette tendance de fond qui se poursuit depuis des années a accéléré pendant la pandémie, lorsque de nombreux commerces n'ont plus accepté que la carte bancaire. Pourtant, alors que l'utilisation du cash diminue, le nombre de billets en circulation ne cesse d'augmenter.

En vingt ans, explique The Economist, la valeur cumulée de toutes les pièces et billets en livres sterling a triplé, pour désormais atteindre les 75 milliards de livres (89 milliards d'euros). Seulement, le tiers de ces billets sont utilisés dans les transactions courantes. La situation est similaire pour le dollar et l'euro. En février, la Banque centrale européenne estimait que seuls 15% à 20% des euros liquides étaient utilisés pour des transactions au sein de la zone euro.

Or, contrairement à ce que l'expression «faire marcher la planche à billets» suggère, lorsque les banques centrales créent de l'argent, elles émettent de la monnaie virtuelle. Ce sont ensuite les banques commerciales qui leur demandent de l'argent afin d'alimenter leurs distributeurs. Cela veut dire que si le nombre de billets en circulation augmente, c'est forcément qu'il y a une demande. Mais à quoi peut-elle bien correspondre?

Ce phénomène a été baptisé en 2009 le «paradoxe des billets de banque» par Andrew Bailey, alors directeur de la banque centrale britannique et premier à reconnaître officiellement cette curiosité. Car malgré le constat qu'il se passe quelque chose d'étrange, les banques centrales ne semblent pas particulièrement intéressées de savoir où disparaît leur cash.

Cash rules everything around me

Utilisation hors des frontières, accumulation de liquide, bas taux d'intérêts, baisse de confiance envers le système bancaire... Plusieurs hypothèses ont été avancées par les banques centrales, mais aucune ne suffit à expliquer les milliards manquants.

Selon The Economist, la police a bien plus de réponses à apporter que les banquiers au paradoxe des billets de banque. Mafias, organisations terroristes, gouvernements corrompus: le liquide permet aux criminels d'empêcher les autorités financières de mettre le nez dans leurs affaires et d'effectuer des transactions sans laisser aucune trace, y compris en traversant les frontières.

Pourquoi les gouvernements ne réévaluent-ils pas leur production de billets de banque, alors qu'elle est manifestement trop importante par rapport à l'utilisation réelle et finit souvent entre de mauvaises mains?

The Economist suggère que cela pourrait avoir un lien avec le seigneuriage, et le bénéfice effectué lors de l'impression de monnaie. En effet, la différence entre le coût de production d'un billet et sa valeur nominale va directement dans les caisses de l'État.

L'UE a pendant des années imprimé des billets de 500 euros largement réputés pour ne servir qu'au crime organisé. Il a fallu attendre 2018, et que la Banque de France estime publiquement que le billet facilite le blanchiment et le financement du terrorisme, pour qu'elle cesse d'en émettre.

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