Ping! «Vous êtes cas contact et vous devez vous isoler immédiatement durant dix jours.» Voici le message qu'ont reçu des milliers de Britanniques ces dernières semaines, plongeant de nombreux secteurs d'activité dans la tourmente. Alors que l'épidémie de Covid repartait de plus belle outre-Manche en raison du variant Delta, 608.000 personnes ont ainsi reçu un avis d'isolement durant la semaine du 8 au 15 juillet, rapporte la BBC.
Résultat: des milliers de salariés ne peuvent plus se rendre sur leur lieu de travail et les entreprises sont totalement prises de court. La chaîne de supermarchés Iceland a ainsi dû fermer certains de ses magasins dans le pays, 1.000 de ses salariés ayant été contraints à l'isolement, cite toujours la BBC.
Les pubs Green King ont également laissé porte close pour la même raison. La pénurie de main d'œuvre frappe tous les secteurs, entraînant des gros retards sur les chaînes d'approvisionnement. De nombreux Britanniques se sont trouvés devant des pompes à essence et des rayons de supermarchés complètement vides, et souffrent de perturbations dans la collecte de déchets et des transports en commun.
Plusieurs trains ont même dû être annulés et des horaires allégés ont été mis en place. Selon Chris Hopson, le directeur général de NHS Providers (une organisation née au service de santé publique britannique), même les ambulances et les hôpitaux sont sous «une forte pression» alors que de nombreux travailleurs manquent à l'appel.
Confusion
D'après les calculs du centre de réflexion économique CEBR, la «pingdémie» va coûter 4,6 milliards de livres sterling (5,38 milliards d'euros) à l'économie britannique sur les quatre semaines jusqu'au 16 août, date à laquelle les dernières restrictions seront levées.
Devant l'urgence et la pression des entreprises, le gouvernement a dispensé d'isolement 10.000 employés de supermarchés, les policiers, les pompiers et les personnels de transport, à qui il sera demandé un simple test sur le lieu de travail.
Mais la confusion règne jusqu'au sommet de l'État. Gerry Grimstone, le ministre de l'investissement, a expliqué à un employeur que les travailleurs n'étaient soumis à «aucune obligation légale» de suivre les directives de l'application, avant que Downing Street ne le contredise en affirmant qu'observer une quarantaine à la réception d'un message était «crucial».
En attendant, de nombreux Britanniques ont choisi de… supprimer l'application anti-Covid de leur téléphone afin de pas risquer l'isolement. Un utilisateur sur cinq aurait ainsi effacé l'application de traçage, selon un sondage.
Une pratique délibérément encouragée par certains employeurs, comme le boss de Ryanair qui décrit l'application comme «du grand n'importe quoi», expliquant qu'il s'est empressé de la désactiver. Une leçon à méditer en France, où le «tester-tracer-isoler» fait toujours figure de méthode miracle.