Selon un rapport publié par le Centre for Economics and Business Research (CEBR) fin 2020, la Chine passera devant les États-Unis en 2028 pour devenir la première puissance économique.
Un calcul purement mathématique. La population chinoise est 4,3 fois plus élevée que celle des États-Unis et la croissance de l'empire du Milieu est beaucoup plus rapide: selon le FMI, en 2021, celle de la Chine devrait croître de 8,4% contre 6,4% pour les États-Unis. Pékin devrait néanmoins se garder de tout triomphalisme, met en garde Bloomberg, qui identifie plusieurs obstacles aux ambitions chinoises.
La main-d'œuvre d'abord: malgré le desserrement de la politique de l'enfant unique depuis 2016, la natalité reste au plus bas. À ce rythme, la population chinoise en âge de travailler pourrait s'effondrer de 28% dans les trois prochaines décennies, prévient Bloomberg.
La Chine tente donc de repousser l'âge de départ à la retraite, actuellement de 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes. Mais comme en France, cette réforme suscite une opposition massive, et le gouvernement avait déjà dû reculer en 2015 devant les protestations.
La croissance de l'investissement pourrait également montrer des signes d'essoufflement. La Chine va continuer à dépenser des milliards pour s'équiper en chemins de fer, autoroutes, antennes 5G ou pour automatiser ses usines.
Mais après des décennies de croissance effrénée, on voit poindre des surcapacités dans certains secteurs et les villes champignons fantômes illustrent la bulle immobilière qui menace le pays.
«La Chine ne peut donc compter que sur des gains de productivité pour continuer à croître rapidement dans l'avenir», avertit Patrick Allard, consultant auprès du Centre d'analyse, de prévision et de prospective du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Or, ces derniers s'amenuisent: 7% par an au cours des années 2010 contre 9 à 10% au cours des années 1990 et 2000.
Hégémonie contestée
Une autre menace plus grave encore pèse sur la Chine, expose Bloomberg. Les volontés hégémoniques de Pékin se heurtent à des oppositions de plus en plus fortes, aussi bien aux États-Unis, où Joe Biden a emboîté le pas à Donald Trump dans sa guerre commerciale et technologique avec le pays, qu'en Europe où certaines entreprises ont commencé à relocaliser leur production.
Comble de malheur, son grand rival indien s'est rapproché des États-Unis, qui sont devenus en 2020 son premier partenaire commercial devant la Chine. Le Covid n'a pas arrangé l'image chinoise dans le monde, qui est désormais perçue négativement par quinze des dix-sept pays les plus avancés économiquement.
Au total, «une combinaison de réformes ratées, d'isolement international et de crise financière pourrait faire déraper la croissance chinoise et empêcher la Chine de parvenir au sommet», estime Blomberg.
«Pour arriver au titre de superpuissance, un pays doit exceller dans plusieurs domaines: l'économie, l'armée, la politique et la culture, sans parler du poids démographique et du jeu des alliances. Les États-Unis excellent dans tous ces domaines, mais pas la Chine, ni aujourd'hui ni à l'avenir», tranchait déjà le spécialiste en géopolitique François Normand sur son blog en 2019.