Brexit et pandémie de Covid-19: indépendants mais concomitants, les deux événements rendent la vie des Grands-Bretons doublement compliquée.
Comme l'expliquait il y a quelques jours le Guardian, les pénuries diverses et variées ne sont plus rares dans le pays, notamment, mais pas seulement, du fait du manque de conducteurs routiers. La main-d'œuvre manque tant que CNN pointe le risque d'un «Noël annulé».
Horreur des horreurs? Non, il y a pire, bien pire: Business Insider nous apprend désormais que cette pénurie de main-d'œuvre aussi sévère que généralisée touche également de plein fouet l'industrie porcine du pays de Boris Johnson.
Selon la National Pig Association, la filière du cochon britannique se retrouverait ainsi avec un surplus de 100.000 porcs sur les bras. Il manque de fermiers, d'ouvriers d'abattoirs et de transporteurs pour les intégrer au circuit, et la centaine de milliers de bêtes pourrait devoir être exterminée.
Visa pour l'abattoir
Le lobby réclame donc une action immédiate de la part du gouvernement: la seule solution envisageable dans le court terme semble être un retour en arrière quant aux règles édictées en matière d'immigration depuis le Brexit.
Appliquées avec un intraitable zèle par l'impitoyable Priti Patel, secrétaire d'État à l'Intérieur de Boris Johnson, celles-ci imposent notamment la possession d'un visa de travail à toute personne souhaitant gagner sa vie en Grande-Bretagne, et ce quelque soit son origine.
«Nous avons perdu beaucoup de travailleurs avec le Brexit, mais les usines arrivaient à tenir» explique Zoe Davies de la National Pig Association. «Le problème est que nous fonctionnions avec beaucoup de travailleurs d'Europe de l'Est, parce que les Britanniques ne veulent plus le faire. Nous sommes devenus dépendants de cette main-d'œuvre extérieure, mais quand les restrictions liées au Covid ont été levées, nous avons vu ces personnes retourner dans leurs pays voir leurs familles, et avons perdu notre force de travail.»
Le même lobby réclame donc à corps et à cri un «COVID recovery visa scheme», une relaxation temporaire des règles migratoires pour permettre aux travailleurs étrangers, européens notamment, de revenir en masse, et rapidement.
«Malheureusement, le gouvernement semble penser que parce que nous employons des gens d'autres pays, nous souhaitons moins bien les payer, ce qui est absolument faux», se justifie encore Davies, consciente que ses ouailles devront faire un effort de ce côté-ci aussi si elles souhaitent retrouver leurs travailleurs.
En attendant une éventuelle décision dudit gouvernement, qui explique ne pas être sourd à ces complaintes mais cherche peut-être à réformer par la douleur une filière entière, des dizaines de milliers de porcs britanniques attendent la mort la plus cruelle, injuste et inutile.