«Les [responsables politiques] ne devraient pas craindre qu'augmenter les impôts visant les riches, pour financer les coûts financiers de la pandémie, ne nuise à leurs économies.» Voici le message adressé par David Hope, de la London School of Economics, coauteur avec Julian Limberg du King's College London d'une étude sur les baisses d'impôts pour les plus riches.
Selon celle-ci, intitulée «Les conséquences économiques des principales baisses d'impôts pour les riches», ces dernières augmentent les inégalités sans augmenter la croissance ni diminuer le chômage. Autrement dit: le ruissellement, c'est du flan.
Premier constat de l'étude, assez logique: les baisses d'impôts pour les plus riches accroissent les inégalités. Dans les années qui les suivent, les revenus des 1% les plus fortunés augmentent en moyenne de 0,8%.
Deuxième constat: les baisses d'impôts pour les plus riches n'ont pas d'impact positif sur les performances économiques d'un pays. Leur impact sur le taux de croissance et le taux de chômage est «statistiquement impossible à distinguer de zéro, à court et à moyen terme», expliquent Hope et Limberg.
Rendez l'argent
Selon les auteurs, leur travail converge avec les conclusions de Thomas Piketty, selon qui «une baisse des impôts pour les riches encourage les hauts salaires à négocier plus vigoureusement pour augmenter leur propre rémunération, au détriment direct de ceux qui se trouvent plus bas dans l'échelle des revenus».
Depuis la fin des années 1970, les théoriciens et politiciens adeptes du néolibéralisme ont soutenu que la baisse des impôts pour les plus riches permettrait de libérer les énergies et d'aller vers la prospérité économique. L'argument ne résiste visiblement pas à l'examen des faits.
Cet argument du ruissellement continue pourtant d'être mis en avant: baisser les impôts des plus riches les encouragerait à investir davantage dans l'économie réelle, générant croissance et emplois; les pousserait au mécénat, enrichissant l'offre culturelle; et ferait revenir les exilés fiscaux, ce qui serait bon pour les finances publiques. Une fable.