Après plus de huit mois d'une guerre dont la fin ne semble pas près d'arriver, la Russie poursuit son système d'importations parallèles, destiné à fournir à sa population un certain nombre de produits occidentaux, en dépit des sanctions internationales.
Le principe consiste à les acheminer sur le territoire russe via des pays limitrophes où ils auront été préalablement importés, comme l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizistan, comme l'expliquait The Guardian en août.
L'objectif est de limiter les conséquences du conflit sur le quotidien des Russes. Ou en tout cas des Russes ayant un certain pouvoir d'achat: la liste des marques autorisées par le Kremlin à faire l'objet d'importations parallèles, dont une première version a été publiée en mai, inclut principalement des constructeurs automobiles, des sociétés de produits technologiques et des enseignes de prêt-à-porter.
Mais la liste en question vient d'être allongée, annonce Reuters, et son contenu est pour le moins parlant: c'est comme si Moscou, conscient que la guerre va durer –alors que ce n'était pas l'objectif de départ–, y avait ajouté de nombreuses marques liées au divertissement. On y trouve par notamment Walt Disney, Marvel, DC Comics, mais aussi Lego ou encore Transformers. Il faut bien divertir les masses.
Les franchises liées à certains personnages de la pop culture sont aussi concernées: Mickey et Minnie Mouse, Donald Duck, Spider-Man et Super Mario font partie de cette liste, qui, en revanche, n'inclut pas les films qui leur sont consacrés. On rappelle que la sortie des nouveaux longs-métrages Marvel en Russie n'est plus à l'ordre du jour, Walt Disney y opposant son veto.
Vinum et circenses
L'extension des importations parallèles ne s'arrête pas là. «Du pain et des jeux», écrivait le poète satiriste Juvénal à l'époque de la Rome antique, pour dénoncer le fait que la population soit amadouée à grands coups de divertissements et de ripailles. Sauf qu'ici, ce n'est pas de pain qu'il s'agit, mais bien d'alcool.
Le ministère du Commerce et de l'Industrie, chargé de composer ladite liste, y a en effet également ajouté pas moins de trente-cinq marques d'alcool, parmi lesquelles Jack Daniel's, Johnnie Walker, Malibu et Jägermeister. De quoi faire temporairement oublier à la population russe l'ornière dans laquelle se trouve son pays depuis son entrée en guerre au mois de février.
En tout, plus de 200 marques sont désormais concernées par ce système d'importations parallèles. Depuis mai, mois durant lequel ce dispositif a été lancé par la Russie, on évalue à 1,6 million de tonnes la quantité de marchandises ayant été importées de la sorte, ce qui représente une somme de 12,6 milliards d'euros.