Selon Bloomberg, le tennis représente 1,3% de la valeur des droits sportifs télévisuels mondiaux. Une part dérisoire pour un sport faisant pourtant partie des plus populaires de la planète, ce qui a tendance à agacer les joueurs et les joueuses du circuit professionnel.
Certains, dont le numéro 1 mondial Novak Djokovic, se sont donc organisés afin de constituer en août la Professional Tennis Players Association (PTPA), qui réunit les joueurs frustrés par la gestion économique du sport.
Cette association est perçue d'un mauvais œil par l'Association of Tennis Professionals (ATP), l'organisation censée représenter, comme son nom l'indique, les joueurs professionnels. Mais la structure a ceci de particulier qu'elle est composée à égalité de joueurs et d'organisateurs: la PTPA a donc vocation à devenir le premier syndicat composé exclusivement des premiers.
Son principal grief concerne la rémunération des joueurs. La PTPA estime en effet que l'ATP favorise dans le partage du gâteau les organisateurs des tournois, qui disposent des moyens et du poids politique, au détriment des joueurs.
Cette faiblesse dans le système est plus sensible encore pour les joueurs ne faisant pas partie du top 50. Car si les stars gagnent des fortunes en partenariats et contrats de sponsoring, le tout-venant doit se contenter de la «prize money», dont la majorité va aux gagnants. Or, cette «prize money» est jugée largement insuffisante –et a, de surcroît, tendance à diminuer.
Pour les joueurs de bas de classement, particulièrement les femmes, ces maigres gains suffisent parfois tout juste à couvrir les frais de déplacement, et ne sont pas suffisants pour vivre uniquement du sport.
Industrie divisée
Le problème pour les mécontents est que l'industrie du tennis, qui dégage chaque année quelque 1,95 milliard d'euros, est peu structurée. 60% de cette manne proviennent des tournois du Grand Chelem, et chacun est organisé indépendamment par des fédérations nationales, voire par un club privé dans le cas de Wimbledon.
Droits télé, «prize money», organisation des matchs, tout est donc négocié séparément et l'industrie est divisée en des dizaines d'entités et sous-entités qui rendent la situation chaotique.
D'autant que les joueurs rechignent quasi systématiquement à faire cause commune avec les joueuses (aucune femme parmi les fondateurs de la PTPA). «Personne n'a confiance en personne, résume Etienne de Villier, le président de l'ATP de 2005 à 2008. C'est un vrai bordel.»
Pour certains, une organisation plus unifiée permettrait de négocier plus efficacement en interne, mais aussi de permettre au tennis d'occuper une place beaucoup plus importante dans les médias.
Le nouveau président de l'ATP, Andrea Gaudenzi, prépare un plan prévoyant d'annexer la «prize money» sur la croissance des profits des tournois et d'agréger les droits télévisuels du Grand Chelem.
Le plan a néanmoins été retardé par la pandémie, et nul ne dit qu'il sera suffisant pour étouffer les velléités d'organisation des joueurs déçus.