Toujours englué dans sa crise politique, le Venezuela de Nicolás Maduro ou de Juan Guaido, selon les points de vue diplomatiques, reste également en piteux état économique.
Comme le rapporte le Wall Street Journal, le pays semble néanmoins profiter d'un certain répit. Confronté à l'effondrement de l'économie –le PIB a été divisé par deux en cinq ans–, handicapé par de multiples sanctions internationales et luttant à grand-peine contre une hyperinflation record, Maduro se voit contraint de lâcher la bride et de laisser le marché reprendre quelque peu ses droits.
Retour du roi dollar
Au Venezuela, l'usage du dollar a longtemps été interdit, tandis que le bolivar était imprimé sans réserve pour s'acquitter des délirantes hausses de salaires décidées par l'État. Selon les données rapportées par le Wall Street Journal, la masse monétaire a crû de 15 % par semaine au second semestre 2018, si bien qu'aujourd'hui, le bolivar ne vaut presque plus rien.
Désormais toléré, le dollar afflue à nouveau. Les quatre millions de personnes ayant fui le pays depuis 2015 envoient chaque année 4 milliards de dollars [3,6 milliards d'euros] à leurs proches resté·es au pays.
Cette injection provoque de facto une redollarisation partielle de l'économie, en particulier dans les grandes villes et pour les classes aisées. La population qui n'a pas accès au greenback continue de son côté à se débattre avec une monnaie locale défaillante.
This picture, taken in Venezuela, shows bananas that would cost a 10% of monthly minimum wage. pic.twitter.com/lvFTMXDuiZ
— Seana Davis (@Seana_Davis) February 15, 2019
Petits luxes au prix fort
Le très sévère contrôle des prix, pillier du chavisme, a lui aussi été assoupli. Les fonctionnaires veillant à son application se font plus timides ou ont tout bonnement quitté leurs postes, rebuté·es par des salaires insignifiants.
Cette inflexion libérale permet au commerce de vivoter et aux importations de reprendre doucement. Le Wall Street Journal note que des boutiques ont vu le jour à Caracas, capitale plus épargnée que le reste du pays, où il est possible d'acheter des denrées de consommation courante à des prix exorbitants.
On peut ainsi trouver des bouteilles d'eau à 3 dollars ou des paquets de Cheerios à 15 dollars, dans un pays où le salaire minimum équivaut maintenant à moins de 2 dollars, où les coupures d'eau et d'électricité sont encore courantes et où tout vient à manquer, y compris les produits de première nécessité.
Il ne faut pas voir pour autant dans cette discrète ouverture une victoire définitive et par K.O. du capitalisme sur le système vénézuélien. Selon ses propres soutiens, le gouvernement ne s'autorise qu'une petite pause dans son étatisme idéologique, le temps de stabiliser la situation.