Les restaurateurs sont parmi les plus touchés par la crise actuelle. | Barthélémy de Mazenod via Unsplash
Les restaurateurs sont parmi les plus touchés par la crise actuelle. | Barthélémy de Mazenod via Unsplash

Les plans de soutien créent-ils une «économie zombie»?

Les faillites d'entreprises sont au plus bas et, selon certains économistes, ce n'est pas une bonne nouvelle.

Selon les chiffres de la Banque de France repris par le New York Times, les faillites étaient, en France et en novembre 2020, en baisse de 36% sur un an. Bonne nouvelle a priori: cela signifie que les mesures prises par le gouvernement pour soutenir les entreprises sont utiles.

Utile sinon vital, ce plan «quoi qu'il en coûte», pour reprendre les mots du président français, l'est à n'en pas douter. Il protège en partie les entrepreneurs, TPE et PME de la dégringolade complète, protège les travailleurs des affres du chômage et notre modèle social de l'explosion, permet sans doute de couper les effets domino qui mettraient à terre l'ensemble de l'édifice.

Pour une partie des économistes et comme l'explique le New York Times, ces mesures font pourtant peser un risque important sur notre avenir: celui de le plonger durablement dans ce qu'il est devenu courant d'appeler une «économie zombie».

Il y a quelques semaines, les autorités européennes de régulation bancaire prévenaient: un tsunami de défauts de paiement est possiblement à l'horizon lorsque les mesures de soutien viendront à prendre fin.

Fear the working dead

Le plus long terme n'est pas forcément plus réjouissant, du moins à en croire les Cassandre de la zombification économique. Car en conservant sous perfusion des entreprises moribondes, lourdement endettées et sans doute déjà condamnées, c'est une économie peu productive, sans trésorerie ni capacité d'investissement qui survit, mettant en péril un rebond plus ferme et plus durable à la sortir de la crise.

L'OCDE a ainsi appelé les gouvernements à ajuster leurs mesures pour viser, autant que faire se peut, le retour d'une activité saine et robuste. «Ne pas réussir à le faire pourrait peser sur la reprise en piégeant des ressources dans des emplois et des entreprises zombies», expliquait ainsi récemment l'organisation. La Banque mondiale ne dit d'ailleurs pas autre chose, envisageant une «décennie gâchée» de croissance molle au sortie de la crise.

Cité par le New York Times, le patron du FMI en Europe Jeffrey Franks est beaucoup plus direct: il faut selon lui laisser certains acteurs couler pour ne pas handicaper tous les autres. Dans un discours très schumpeterien, il explique ainsi qu'une vague de faillites «n'est pas forcément une mauvaise chose», et que cela fait «partie du processus normal de destruction créatrice permettant de régénérer les économies.»

La «régénération des économies» est une chose mais, sur un plan moins macro et plus social, la survie des individus qui la composent et font société en est une autre. Il est peu certain que les opinions européennes, a fortiori l'opinion française, soient enclines à laisser cette «destruction créatrice» faire son travail, avec les dégâts immédiats que cela suppose sur le tissu social.

Sans même parler de l'épineuse question des dettes nationales, l'enjeu pour les puissances publiques est donc à moyen et long terme de trouver un juste équilibre entre protection et efficacité. Plus facile à écrire qu'à faire, sans aucun doute.

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