Comme la plupart des pays, le gouvernement américain a instauré un généreux plan d'aide aux entrepreneurs à la suite de la pandémie. Le Paycheck Protection Program (PPP) a ainsi attribué près de 1.000 milliards de dollars de prêts aux petites entreprises, indépendants et associations (un peu comme les prêts garants par l'État en France).
Et parmi ces bénéficiaires figure en premier lieu l'Église catholique. Selon Associated Press, les 200 diocèses américains ont ainsi amassé trois milliards de dollars de PPP, ce qui en fait le premier récipiendaire du programme d'aide.
«Dans l'ensemble, les églises catholiques ont obtenu environ deux fois plus que les quarante autres organismes de bienfaisance les plus importants d'Amérique réunis», observe AP. Et encore, il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg, car de nombreuses aides n'ont pas pu être prises en compte par les investigations de l'agence de presse.
On ne pouvait pourtant pas dire que l'institution était dans la panade. Certes, elle a connu une légère baisse de revenus du fait de la fermeture des églises et des écoles dont elle s'occupe. Mais elle était déjà assise sur une montagne de cash, et n'était franchement pas en danger.
Collectivement, les 112 diocèses publiant leurs comptes disposent ainsi de dix milliards de cash et sont en excellente santé financière. Minoré, ce chiffre ne prend pas en compte la véritable richesse de l'Église qui repose sur ses biens immobiliers ainsi que l'argent détenu par les associations caritatives créées par les diocèses pour superviser leurs fonds.
En outre, les églises en difficulté peuvent déjà compter sur un système de soutien solide assuré par les diocèses les plus riches, l'église épiscopale et d'autres organisations catholiques.
«Argent gratuit»
Les églises, qui contestent les chiffres d'AP, font valoir que leurs employés jouent un rôle indispensable dans les associations caritatives chargées de distribuer de la nourriture ou de dispenser une aide sociale.
Cela justifie-t-il de piocher abondamment dans les caisses de l'État pour les rémunérer? AP rapporte le cas d'employés reconnaissant qu'ils n'avaient pas du tout besoin de cette aide, mais admettant qu'ils avaient reçu des «pressions» de leur hiérarchie pour la réclamer.
Un pasteur qui refusait de postuler au PPP s'est ainsi vu reprocher de «laisser de l'argent gratuit sur la table». Il explique avoir tenu bon en raison de ses «fortes convictions morales» et souligne que l'argent de l'État «devrait davantage être destiné aux magasins et aux restaurants qui, sans lui, pourraient fermer définitivement».
L'Église catholique n'est pas la seule bénéficiaire douteuse du programme d'aide. Certains politiciens ou leurs épouses ont reçu indirectement de l'argent via leur entreprise et 850.000 dollars de prêts ont également été attribués à de grands lobbies anti-vaccination.
Initialement fermé en août 2020, le PPP a été rouvert en janvier 2021. De quoi engraisser encore un peu plus les évêques et leurs paroisses.