Depuis une conséquente prise de participation dans le capital de Twitter début avril, puis quelques circonvolutions autour de sa présence au sein du conseil d'administration de la plateforme, la rumeur enflait: Elon Musk, qui il est vrai manque un peu d'occupations aux côtés de Tesla ou de SpaceX, préparait un rachat pur et simple de l'entreprise, à la hussarde et d'une manière quelque peu hostile.
Parce qu'il pense savoir ce qui est bon –le free speech sans aucune entrave– pour le réseau dont il fait un usage souvent problématique, au point d'avoir été puni par le gendarme boursier américain pour l'un des tweets les plus fameux de l'histoire de la plateforme, il a décidé de le prendre en main, intégralement et en indiquant souhaiter en faire une entreprise privée.
I made an offer https://t.co/VvreuPMeLu
— Elon Musk (@elonmusk) April 14, 2022
C'est ainsi, avec ces quatre petits mots, qu'Elon Musk a annoncé le 14 avril 2022 faire une offre de rachat total de Twitter pour 54,2 dollars par action. Cela représente 43 milliards de dollars au total, soit 39,4 milliards d'euros.
Et ce serait payé en cash, rubis sur l'ongle: pour l'homme le plus riche du monde, dont la fortune est estimée à 273 milliards de dollars (250 milliards d'euros), mettre la main sur un outil devenu central dans le débat et la parole démocratiques (ou dans ses manipulations malsaines) se ferait donc au prix de quelques poignées de roupies de sansonnet.
Des milliards et du free speech
Est-il sain ou raisonnable qu'une plateforme d'une telle importance devienne la chose d'un milliardaire de la Silicon Valley, comme ce fut déjà le cas pour Facebook et Mark Zuckerberg? La question peut légitimement se poser –et, déjà, certains n'hésitent pas à pointer l'ironie de la situation.
For years, "free speechers" argued that unaccountable people in Silicon Valley shouldn't be able to make arbitrary decisions about who can post what on major platforms for public debate.
— Yascha Mounk (@Yascha_Mounk) April 14, 2022
Interesting that so many people are finally getting this now that this someone is Elon Musk.
Le personnel de l'entreprise, qui se disait «super stressé» par les manœuvres des derniers jours de Musk avant son abordage, se demande sans doute à quelle sauce la plateforme va désormais être préparée.
Les possesseurs de cryptos (en particulier du fameux Doge) sont en revanche aux anges: étant donné l'amour brûlant de Musk pour les monnaies numériques, son Twitter pourrait grandement accélérer et vulgariser leur utilisation dans le grand public. Et pour les utilisateurs lambda? Que sera sera.