Il y a quelques jours, Bloomberg rapportait que la Russie, qui voyait son carnet de commandes s'amincir, allait stocker un peu de ses surplus de pétrole brut dans un port du Ghana. Un tanker chargé de 600.000 barils nommé Theseus étant chargé du transfert.
L'Europe ayant stoppé une grande partie de ses importations, Moscou commence donc à sentir le poids des sanctions, que les achats massifs –mais discount– de la Chine ou de l'Inde n'ont pas suffi à compenser.
En décembre, selon l'Agence internationale de l'énergie, les revenus énergétiques de la Russie chutaient ainsi de 20% par rapport au mois précédent, mordant dans des finances publiques à la lutte, malgré néanmoins d'importantes réserves leur permettant d'éviter, pour un temps, l'effondrement.
Des racines et diesel
Le même Bloomberg rapportait que le brut russe n'était pas le seul à courir le monde à la recherche d'introuvables acheteurs. Également frappé par des sanctions internationales depuis début février, le diesel raffiné en Russie est donc, en attendant mieux, stocké là où il reste un peu d'espace pour ses mètres cubes.
En l'occurrence, c'est directement en mer et dans les tankers, chargés en temps normal de le livrer à ses commanditaires, que les hydrocarbures dorment. Selon des données de la firme Kpler Inc. compilées par Bloomberg, ce sont 1,9 million de barils qui attendent preneur sur la surface des océans.
Stocker l'énergie en mer, en attendant les acheteurs ou parce que la place manque dans les installations habituelles, n'est pas un procédé rare.
On se souvient, en 2020 et en pleine pandémie de Covid-19 et alors que la demande mondiale s'effondrait, de ces centaines de cargos pleins à ras bord, faisant des ronds dans l'eau au large des hubs mondiaux principaux, en attendant que de la place se libère. Comme le note le média économique américain, c'est justement la première fois depuis 2020 que les stocks maritimes russes de diesel sont si élevés.
Bien que le nombre de barils ainsi mis de côté puisse sembler modeste, c'est un signe supplémentaire que, malgré leurs limitations et les multiples contournements qu'elles permettent, les sanctions sur l'énergie russe ne sont pas sans effet sur l'économie du pays. Cela pourraient impacter à terme sa production de brut, déjà réduite de 500.000 barils par jour en mars, en réaction aux sanctions occidentales.
Ces petits surplus sont en outre une donnée rassurante pour nombre de nations du monde, notamment celles en voie de développement, qui craignaient que les sanctions sur le diesel de Moscou ne provoquent une crise profonde et possiblement incendiaire.