Depuis le début de son invasion de l'Ukraine en février, la Russie est sous le coup d'une intense pression commerciale de la part des pays occidentaux. En juin, l'Union européenne a, entre autres, imposé un embargo sur son pétrole, ce qui représente un manque à gagner d'environ 100 milliards d'euros par an pour le pays de Vladimir Poutine.
Cela n'empêche pas le pays de tenter d'écouler son or noir, mais il doit désormais user de stratagèmes afin d'échapper à la surveillance des États qui lui imposent des sanctions. La dernière technique en date, relatée par Bloomberg, semble être de discrètement mélanger son pétrole à la production d'autres pays, afin de brouiller les pistes.
Le 24 juillet, un cargo chargé de 700.000 barils de pétrole russe, le Crested, a été observé par le magazine économique en train de mouiller dans le petit port Égyptien d'El Hamra, exploité par la Western Desert Opération Petroleum Company (Wepco).
Comme son nom l'indique, la Wepco a pour but de stocker dans ses cuves le pétrole provenant de la partie du désert de Libye situé dans l'ouest de l'Égypte.
Pétrole en eaux troubles
Typiquement, donc, les pétroliers viennent récupérer de l'or noir dans ce port, pas en déposer. Mais l'aspect louche de la manœuvre ne s'arrête pas là. Lors de l'arrivée du Crested à El Hamra, un second bateau, le Chris, était installé à l'unique bouée d'amarrage du port –qui donne accès aux cuves– depuis plusieurs jours.
Le 24 juillet, le Chris a laissé sa place au Crested pour qu'il puisse se débarrasser de sa cargaison, puis est revenu s'amarrer quelques heures après son départ. Lorsque le Chris est finalement reparti le 28 juillet, Bloomberg affirme que ses cales étaient pleines.
Si les soupçons du magazine sont avérés, il semble donc que la Russie tente d'obscurcir la la traçabilité de son pétrole, afin de mettre des bâtons dans les roues de l'embargo. Et qu'elle est parvenue à trouver, en Égypte, des partenaires acceptant de l'aider dans ses manigances –l'opérateur du port d'El Hamra est resté sourd aux sollicitations de Bloomberg.
Après son départ, le Chris est parti rejoindre le port de Ras Shukheir, toujours en Égypte mais sur la mer Rouge, où le pétrole russe pourrait une nouvelle fois être mélangé à du pétrole égyptien.
Précédemment, des pétroliers russes avaient déjà été observés en train d'éteindre leurs systèmes de localisation, dans le but de directement transférer leur cargaison dans un autre navire. Tout cela en pleine mer, alors que ce genre d'opération se déroule d'ordinaire dans des zones protégées et non loin des côtes. Le pays a donc peut-être trouvé un nouveau moyen de contourner l'embargo.