La crise énergétique que traverse l'Europe depuis quelques semaines ne semble pas vouloir atténuer sa pression sur ses gouvernants comme sur ses économies et ses populations.
Alors que Vladimir Poutine, malgré ses promesses, ne semble pas pressé d'ouvrir les vannes de son gaz naturel vers ses voisins de l'Ouest et que le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko a menacé de couper l'approvisionnement dans le contexte de la crise des migrants à la frontière polonaise, une autre nouvelle a fait bondir les prix de la précieuse énergie.
Pour des raisons légales concernant la partie germanique du projet, l'instance allemande de régulation a annoncé avoir suspendu la certification de Nord Stream 2, le pimpant mais controversé pipeline sur lequel le Kremlin fait reposer, via Gazprom, une partie de ses chantages à l'énergie, et dont l'ouverture pourrait constituer un important soulagement pour un continent exsangue.
Malgré une légère détente au mois d'octobre, les marchés ont immédiatement et vivement réagi à l'annonce. Le prix du gaz naturel négocié pour décembre a bondi de 15,2% pour s'établir à 94 euros le mégawatt-heure (MWh). Le coût du gaz a grimpé de plus de 40% depuis le début du mois de novembre.
Le processus de certification, qui doit par la suite être examiné et validé par Bruxelles, prend plus de temps que prévu. C'est une possibilité d'embellie supplémentaire qui s'efface. L'hiver européen pourrait s'annoncer plus que périlleux.
Ça va couper!
Périlleux au point que Jeremy Weir, patron de l'un des plus gros négociants mondiaux en gaz naturel, Trafigura, a expliqué au Financial Times qu'il fallait se préparer à envisager des coupures d'électricité planifiées dans certaines parties du continent.
«Très franchement, nous n'avons pas suffisamment de gaz en ce moment, a-t-il déclaré. Nous ne stockons pas en vue des mois qui viennent. De ce fait, il existe une réelle inquiétude que des coupures puissent intervenir en Europe en cas d'hiver froid.» Ces dernières toucheraient en premier lieu les industries lourdes, très voraces en énergie, avant de s'étendre à d'autres pans de la société.
Une très mauvaise nouvelle pour un ensemble de pays qui se réjouissaient d'une forte reprise post-pandémique de leur économie, et qui pourraient voir leurs efforts réduits à néant par un Vladimir Poutine sans doute ravi de disposer d'un tel levier dans son arsenal.