Outre l'or de Fort Knox, il existe un autre inestimable trésor aux États-Unis: la Strategic Petroleum Reserve, soit la réserve stratégique de pétrole du pays, sur lequel il peut compter lorsque les temps énergétiques se compliquent.
Avec une inflation qui galope et inquiète, un pétrole qui plane près des grandes hauteurs et des prix à la pompe qui font grincer de nombreuses dents à quelques encablures des vacances de Thanksgiving puis de Noël, le prix de l'énergie est devenu une épine dans le pied de nombreux gouvernements et de leurs cotes de popularité respectives.
Ils ne pourront compter sur l'aide des pays de l'OPEC+: décidées à ne pas répondre aux suppliques occidentales, les nations productrices de pétrole ont collectivement choisi de ne pas augmenter leur production pour calmer le marché et faire baisser les prix de l'or noir.
Un front s'est donc formé autour des États-Unis, comprenant l'habituellement rivale Chine, l'Inde, la Corée du Sud, le Japon et le Royaume-Uni, pour puiser dans les réserves stratégiques de chaque pays et essayer de détendre quelque peu le marché. «Nous agissons», a ainsi déclaré, un brin martial, le président Biden mardi 23 novembre.
À briser en cas d'urgence
Dans le cas des États-Unis, 50 millions de barils de brut seront extraits de la Strategic Petroleum Reserve pour tenter de faire baisser les prix et contenir l'inflation. Comme l'explique le Wall Street Journal, cette manne est constituée de quatre espaces de stockage géants situés dans des grottes sous le Texas et la Louisiane.
Elle contient au total 605 millions de barils de brut, de quoi alimenter l'ensemble du pays pendant plusieurs semaines en cas d'interruption totale de la fourniture extérieure de pétrole. Les quantités annoncées par les autres pays sont beaucoup plus modestes: il est question de 5 millions de barils pour l'Inde, et d'un chiffre entre 7 et 15 millions pour la Chine, qui doit encore officiellement procéder à sa propre annonce.
Comme le note Quartz, le fait que la Chine et l'Inde semblent s'associer à la démarche des États-Unis est néanmoins signifiant: les deux pays ne font pas partie de l'Agence internationale de l'énergie, et cela montre que les grandes puissances pourraient être désormais déterminées à prendre un peu plus vigoureusement leurs destinées en mains.
Mais comme comme l'ajoute le même site, ce front uni ne pèse qu'un poids très relatif face à la toute-puissance des pays de l'OPEC+ –dont fait partie une Russie ayant elle aussi transformé l'énergie en redoutable arme géopolitique. Qui n'ont pas tardé à réagir, déclarant qu'ils laisseraient possiblement tomber de futurs plans d'augmentation de production.
Oil markets clearly blowing off the underwhelming SPR release, exchange and accelerated draw down, and now with OPEC flustered at our action, this could even be a long-term negative
— Patrick De Haan ⛽️📊 (@GasBuddyGuy) November 23, 2021
Au bout du compte, les prix à la pompe ont continué de grimper après l'annonce aux États-Unis, certains analystes y voyant même un faux pas qui pourrait aggraver le problème qu'ils tentent d'alléger.