Alors que Volodymyr Zelensky est en visite à Washington pour alimenter les flammes de l'alliance et réclamer plus d'armes pour résister aux assauts continus de son envahisseur et criminel de voisin, ce dernier n'en démord pas.
Vladimir Poutine a ainsi annoncé que le gouvernement russe mettra ce qu'il faut sur la table, les finances illimitées et le temps qu'il faut pour écraser l'Ukraine, tandis que son ministre de la Défense Sergueï Choïgou annonçait vouloir faire grimper les effectifs des armées russes à 1,5 million d'hommes.
Mais le «quoi qu'il en coûte» déjà croisé en d'autres circonstances, par nature, coûte de l'argent. Les tonnes de roubles qui constituent le nerf de l'effort de guerre russe proviennent, pour partie, et c'est une grande partie, des exportations de pétrole du pays.
Et celles-ci, à en croire les chiffres cités par Bloomberg, ne semblent pas se porter très bien. Plusieurs explications à cela, dont la mise en branle des sanctions initiées par l'Union européenne et les pays du G7, avec bannissement pur et simple des importations de pétrole pour la première. Mais pèse aussi dans la balance l'imposition d'un «prix limite» (60 dollars le baril) au-dessus duquel les grandes compagnies d'assurance occidentales, notamment la Lloyd's de Londres, refusent d'assurer les tankers, les condamnant en pratique à cesser leurs affaires avec Moscou.
Le média américain note qu'il est nécessaire de prendre ces chiffres avec quelques pincettes: un certain degré de fluctuation d'une semaine à l'autre est naturelle, et la chute est en partie due à des travaux en cours –mais désormais achevés– dans le port de Primorsk, sur la mer Baltique.
Or discount
Néanmoins, la tendance est si lourde qu'elle traduit en grande partie l'efficacité immédiate des sanctions occidentales. La semaine suivant leur mise en branle, «les volumes totaux exportés par voie maritime par la Russie ont chuté de 1,86 million de barils par jour, ou 54%, pour atteindre 1,6 million», écrit ainsi Bloomberg, qui note que la moyenne sur quatre semaines est également en forte baisse.
Le média note que la maintenance au port de Primorsk ne peut être l'unique raison: la Russie manque également, ces dernières semaines, de navires désireux de prendre le risque de transporter son brut.
C'est d'autant plus vrai que la Turquie a été sévère sur la nécessité d'une assurance en bonne et due forme pour passer deux des points sous son contrôle et primordiaux dans le transport maritime, le Bosphore et le détroit des Dardanelles, provoquant de vastes embouteillages sur les flots.
Et bien que Moscou déploie des trésors de créativité pour tenter de constituer sa propre flotte de «tankers fantômes», les géants occidentaux du secteur comme Exxon ou Shell rechignent à faire appel aux services de navires dont elles savent qu'ils ont préalablement transporté du brut russe, faisant logiquement hésiter les autres à le faire.
Autre mauvaise nouvelle pour le Kremlin et ses coûteux désirs de dépenses militaires somptuaires: il semble que les nouveaux clients asiatiques vers lesquels la Russie s'est tournée, avec force rabais, pour écouler son pétrole, le paient désormais en dessous du prix imposé par le fameux «price cap».
C'est notamment le cas de l'Inde, comme l'expliquait récemment le Financial Times: la redirection des flux de l'Europe vers l'Est, le transport du brut des ports de l'ouest de la Russie vers l'Asie, coûtent horriblement cher, faisant baisser le prix d'achat de l'or noir, ce qui impacte directement les finances du Kremlin.
De l'autre côté du monde, et de l'autre côté de la guerre, les États-Unis font en la matière preuve d'une forme inégalée: dans une récente analyse, Reuters notait ainsi que le pays, malgré sa consommation toujours massive d'or noir, serait peut-être exportateur net de pétrole dès 2023. Qui l'eût cru(de)?