Il y a quelques semaines, le ministre grec de l'Énergie Konstantínos Skrékas sonnait l'alerte et réclamait des mesures rapides: dopées par une crise sans précédent, les factures énergétiques des Européens risquaient de s'alourdir de 350 milliards d'euros en 2022.
Le Royaume-Uni, qui fait désormais cavalier seul, a vu son secteur énergétique, très libéralisé, profondément chamboulé par le marasme, avec la disparition pure et simple de très nombreux opérateurs en faillite depuis l'explosion du prix du gaz naturel.
Et alors que la France s'en remet à ses centrales à charbon pour éviter le black-out, la douloureuse facture pourrait grimper de 21 milliards d'euros cette année pour les seuls ménages britanniques, poussés par centaines de milliers dans la «fuel poverty», une pauvreté énergétique que l'on pensait appartenir au lointain passé des pays occidentaux.
Face à une telle crise, doublée par le surgissement du variant Omicron et les enfermements domestiques qu'il provoque, les législateurs et le gouvernement du pays peinent à trouver une parade pour protéger les plus fragiles d'un hiver glacial, hors de prix et désastreux sur le plan sanitaire.
D'où les drôles de conseils prodigués par SSE Energy Services, filiale d'Ovo Group, rassemblés sur une page web dont le lien a été envoyé à des milliers de clients, mais que la firme, embarrassée et vertement critiquée, a désormais mise hors ligne.
Gaz save the Queen
Outre les logiques recommandations d'isolation thermique, SSE proposait ainsi dix astuces «simples et peu coûteuses» pour «se réchauffer sans monter le chauffage». Parmi celles-ci, l'entreprise conseillait à sa clientèle précaire de porter d'épais sweat-shirts ou des chaussettes en laine mérinos. Beaucoup plus original, SSE suggérait de caresser plus souvent ses animaux de compagnie –bref, de faire comme les pingouins sur la banquise.
Autre idée brillante de l'opérateur pour garder les corps en action et éviter le refroidissement: faire le ménage plus souvent ou lancer un concours de hula-hoop avec les enfants, la photo d'illustration de l'article montrant deux personnes âgées dansant dans leur cuisine.
Les menus et l'alimentation n'ont bien sûr pas été oubliés par les délicats communicants de l'entreprise. Outre l'idée «géniale» de laisser la porte de son four ouverte après y avoir cuit quelque chose, SSE conseillait à sa clientèle de manger des lentilles, des pommes de terre et du gingembre pour une digestion mieux adaptée aux conditions hivernales.
«Se voir conseiller de mettre un pull plutôt que d'augmenter le chauffage quand on ne peut pas se le permettre, dans une période si difficile est totalement insultant», a commenté le député travailliste Darren Jones auprès du Financial Times. Dans la tourmente, SSE a présenté de plates et honteuses excuses pour cet évident manque de tact.