Les morsures de l'hiver sont arrivées sur l'Europe, et c'est pour son porte-monnaie une très mauvaise nouvelle. Également porté par des tensions avec la Russie gazière qui ne cessent de frôler l'explosion, et malgré une baisse du prix du pétrole du fait du surgissement du variant Omicron, le prix de l'énergie bondit partout.
Les températures glaciales qui descendent le font au pire moment. Depuis quelques mois, une Russie trouvant dans ses ressources un puissant levier géopolitique limite ses exportations de gaz vers l'Europe.
En France, l'arrêt de quatre réacteurs nucléaires pour des contrôles de maintenance a poussé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili à prendre publiquement la parole pour assurer aux Français qu'il n'y aurait «pas de black-out général d'ici à la fin de l'hiver» –preuve que l'hypothèse n'est pas tout à fait écartée.
Et comme l'explique Bloomberg, les prix de l'énergie flambent sur tous les marchés, faisant peser le risque d'une inflation incontrôlée sur l'ensemble des économies de la zone. Lundi 20 décembre, les contrats sur le gaz européen gagnaient ainsi 8,8% sur une seule journée –la hausse, indique le média, a été de 600% sur l'année.
350 milliards
Le hic est que cette crise énergétique européenne pourrait ne pas être que passagère, et pourrait très fortement peser sur les portefeuilles des habitants du Vieux Continent.
C'est l'alerte que sonne le ministre grec de l'Énergie, Konstantínos Skrékas: selon les estimations de ses services, après un surcoût déjà conséquent de 100 milliards d'euros cet hiver, les factures énergétiques des consommateurs et entreprises en Europe pourraient s'alourdir de la somme colossale de 350 milliards d'euros en 2022.
De quoi fortement fragiliser la reprise post-pandémique, alimenter une inflation difficile à maîtriser et, surtout, plonger nombre de ménages modestes et entreprises à l'économie déjà chancelante dans de sérieuses difficultés.
«Face à cette situation extraordinaire, nous ne pouvons pas ne pas nous impliquer», a déclaré le ministre grec à l'issue d'une rencontre avec ses homologues européens à Bruxelles.
Au moment où la BCE envisage des hausses de ses taux pour contenir une inflation qui commence à inquiéter, il réclame donc que les pays membres de l'Union européenne, tout comme la Commission, poursuivent et accentuent leurs aides aux ménages et entreprises. Le chèque énergie et les mesures exceptionnelles promises par Emmanuel Macron pourraient ne pas suffire –loin de là.