L'Europe, engluée dans une profonde crise énergétique avant même l'invasion de l'Ukraine par les armées de Vladimir Poutine, qui importe 40% de son gaz de Russie, cherche à diversifier dans l'urgence de la guerre ses approvisionnements et a mis un coûteux coup d'arrêt au projet Nord Stream 2, le géant Gazprom cherche déjà de nouveaux débouchés pour sa production.
Ils sont semble-t-il déjà tout trouvés: c'est vers la Chine, qui ne s'est pas jointe à l'Occident dans l'imposition de rudes sanctions économiques à son proche partenaire russe, que le gazier russe se tourne.
En 2019, nous rapportions les avancées du méga-projet Power of Siberia, un pipeline reliant les gisements sibériens à l'énergivore économie chinoise, doté d'une capacité de 38 millions de mètres cubes par an et lié à un contrat courant sur trente ans.
Un peu plus de deux ans plus tard, Gazprom annonce déjà sa suite, preuve supplémentaire que si l'Europe cherche à traiter sa dépendance à la Russie, l'inverse est tout aussi vrai. Les désinvestissements massifs de Shell ou de BP dans les énergies russes, pour ne citer qu'elles, montrent que la rupture est déjà consommée.
Oust, vers l'est
Logiquement nommé Power of Siberia 2 mais également connu sous le nom de Soyuz Vostok, le nouveau joujou de Gazprom devrait passer par la Mongolie, avec les autorités officielles de laquelle le patron de Gazprom, Alexey Miller, a déjà traité de nombreux détails.
Un rapport de faisabilité a ainsi été remis aux deux parties il y a quelques semaines, et des études environnementales, techniques et archéologiques plus poussées devraient suivre, comme l'explique Interesting Engineering.
Gazprom n'étant pas du genre à faire les choses à moitié, Power of Siberia 2 devrait être un monstre du genre: il est ainsi question d'un parcours total de près de 900 kilomètres, de cinq stations de compression installées le long du chemin, d'un diamètre de 1,40 mètre pour ses canalisations et de la bagatelle de 50 milliards de mètres cubes de gaz transportés chaque année.
Pour comparaison, Nord Stream 2 aurait été capable de transporter 55 milliards de mètres cubes annuels: le remplacement est presque parfait. En outre, une interconnexion entre les pipelines russes tournés vers l'ouest et ceux tournés vers l'est, déjà construits ou encore en projet, est également au programme pour permettre le détournement des flux d'un continent vers un autre, et transformer définitivement la géopolitique de l'énergie.