Un triple choc, simultané. | Adek Berry / AFP

Pénuries d'essence et coupures d'électricité: une terrible triple crise de l'énergie est en marche

Pire que dans les années 1970, explique le patron de l'AIE.

S'il vous restait une once d'optimisme pour les mois à venir, et notamment à l'approche de vos congés estivaux, peut-être serait-il raisonnable de les remiser quelque temps au placard.

Selon Fatih Birol, le patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui s'exprimait dans les colonnes de Der Spiegel, la crise énergétique à laquelle le monde fait face n'en est qu'à ses balbutiements.

L'augmentation des prix à la pompe, que pourrait ne pas arranger le prochain embargo européen sur le pétrole russe, ainsi que l'escalade sans fin des factures domestiques depuis plusieurs mois n'ont pu échapper à personne.

La situation, pourtant, devrait encore empirer dans un avenir proche: d'après Fatih Birol, la crise en cours et qui va s'accentuer sera plus dure que celles, majeures et alors inédites, qui ont mis le monde sens dessus dessous dans les années 1970.

«Quand la saison des grandes vacances arrivera en Europe et aux États-Unis, la demande en pétrole va augmenter», explique Fatih Birol au journal allemand. «Alors nous pourrions voir des pénuries –par exemple de diesel, d'essence ou de kérosène, particulièrement en Europe.» Pour vos déplacements cet été, privilégiez donc plutôt le vélo ou la calèche.

Selon lui, la crise actuelle se différencie de celle des années 1970 par sa multitude: le pétrole n'est pas le seul concerné, c'est l'ensemble du secteur énergétique qui est en crise. «Il ne s'agissait alors que du pétrole. Cette fois, la crise touche simultanément le pétrole, le gaz et l'électricité.»

Ne pas se tenir au jus

Car si l'on connaît les difficultés liées au gaz et au pétrole notamment russes, cette dernière est également en grande souffrance ces derniers mois.

En France, EDF a dû mettre certaines de ses centrales nucléaires à l'arrêt pour des problèmes de corrosion, faisant dangereusement baisser la production française, habituellement exportatrice mais depuis peu devenue importatrice.

L'opérateur français a prévenu qu'il ne pourra pas, en Grande-Bretagne, prolonger l'espérance de vie de la centrale de Hinkley Point, sur laquelle le pays comptait pour compenser les difficultés d'approvisionnement liées à la guerre en Ukraine.

Aux États-Unis, le parc nucléaire est aussi dans un état vieillissant, et, comme en France, d'intenses périodes de sécheresse font craindre une chute de la production hydroélectrique. La situation est si tendue que de grands black-out ne sont pas à exclure dans le pays le plus riche du monde, et ce dès cet été.