«Une année 2021 exceptionnelle.» Il y a en effet peu d'autres mots que ceux employés par son PDG Amin Nasser pour qualifier l'année que vient de vivre Aramco, l'entreprise d'État qui contrôle la production saoudienne d'hydrocarbure.
Après une année 2020 marquée par la crise du Covid et un résultat net de «seulement» 49 milliards de dollars (44,5 milliards d'euros), l'entreprise est parvenue en 2021 à redresser ses profits.
Dans un communiqué publié dimanche 20 mars, Aramco annonce ainsi avoir réalisé des bénéfices de 110 milliards de dollars (99 milliards d'euros), soit une augmentation de 124% en un an, et un niveau plus élevé qu'au début de la pandémie.
Avec de tels résultats, l'Arabie saoudite peut se permettre de voir grand. Aramco a annoncé que ses dépenses d'investissement de capital pour 2022 (investissements matériels à long terme) atteindraient 40 à 50 milliards de dollars, contre 32 en 2021.
Cette ambition de croissance amène donc le pays à augmenter son volume de production en faisant croître son rendement équilibré maximal, de 10 millions de barils par jour aujourd'hui jusqu'à 13 millions d'ici à 2027.
Bulle d'air vicié
Ces excellents résultats et les ambitions qui en découlent vont permettre de laisser un peu respirer les gouvernements occidentaux. Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Occident tente de se passer au maximum des énergies russes, mais certains pays européens en restent particulièrement dépendants.
Ces dernières semaines, la guerre a joué au yoyo avec les prix du pétrole et les pays occidentaux, dont l'économie est déjà menacée par l'inflation, implorent ceux de l'OPEP d'augmenter leur production. Boris Johnson et Joe Biden en particulier ont fait les yeux doux à Mohammed ben Salmane.
Mais ce bol d'air pourrait bien se révéler toxique à plus long terme. Bien qu'elle promette de prendre en compte le développement durable dans sa politique énergétique du futur, la croissance exponentielle de l'une des plus grosses entreprises productrices d'hydrocarbure au monde n'est pas tout à fait une bonne nouvelle pour l'environnement.
Difficile aussi d'avaler que le pétrole saoudien soit plus éthique que le russe. L'Arabie saoudite a récemment conduit une exécution de masse de quatre-vingt-un prisonniers et continue de mener au Yémen une guerre sanglante que l'ONU qualifie de «plus grande catastrophe humanitaire au monde». Sans parler de l'exécution du journaliste Jamal Khashoggi.