Le président russe Vladimir Poutine, lors d'une messe de Noël orthodoxe dans la cathédrale de l'Annonciation au Kremlin, à Moscou, le 6 janvier 2023. | Mikhail Klimentyev / Sputnik / AFP
Le président russe Vladimir Poutine, lors d'une messe de Noël orthodoxe dans la cathédrale de l'Annonciation au Kremlin, à Moscou, le 6 janvier 2023. | Mikhail Klimentyev / Sputnik / AFP

La «militarisation» du gaz et du pétrole par Poutine est un bide complet

Les dominos tombent, et tout s'effondre.

Ce devait être l'arme fatale de la Russie pour faire plier l'Occident: plonger ses habitants dans un hiver infernal, froid et noir. C'est finalement un bide presque complet. Comme l'expliquent divers articles de Bloomberg, le président russe Vladimir Poutine a, pour l'instant du moins, échoué dans sa tentative de militarisation du gaz et du pétrole, les deux mamelles de sa nation, dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Commençons par le gaz. Ainsi que l'estiment Bloomberg et le ministre allemand de l'Énergie, le pire est derrière nous. Et si les finances européennes ont été et sont mises à rude épreuve (on parle d'un coût de quelque 950 milliards d'euros), si certaines industries, grandes ou petites mais toutes vitales, souffrent terriblement de la flambée des tarifs, l'effondrement total que visait la Russie n'a pas eu lieu.

Les dernières semaines, plutôt douces sur le plan météorologique, n'y sont pas pour rien. Mais ce n'est pas le seul facteur: le continent dans son ensemble a su, à temps, se préparer au pire.

Ultra dépendante du gaz russe, en particulier dans le cas de l'Allemagne, l'Europe a su diversifier ses approvisionnements et développer à grande vitesse de nouvelles infrastructures. Et notamment ses terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), qu'elle importe désormais massivement, notamment depuis les États-Unis, en plus du gaz du Qatar, d'Algérie ou de Norvège.

Pour ce qui est des importations de GNL, rendues plus faciles –pour l'instant– par une compétition moins grande avec une Chine qui commence à peine à relancer son économie, Morgan Stanley estime que la situation est telle qu'un nombre trop important de cargos atteignent les côtes européennes.

En ajoutant à cela une baisse substantielle de la consommation européenne –Bloomberg citant le chiffre d'une diminution de 16% par rapport à la moyenne sur les cinq années précédentes–, ou à quelques semaines d'une production solide d'énergies renouvelables, en particulier éolienne, la Russie a été partiellement mise de côté pour ce qui est du gaz. Les importations ont été divisées par cinq, ce qui est considérable.

L'or noir, c'est noir

Au final, les stocks européens de gaz sont au plus haut au creux de l'hiver, ce qui semble indiquer que, sauf catastrophe, le continent peut aborder l'hiver prochain avec une sérénité un peu plus grande que concernant la saison actuelle. Quant au prix dudit gaz sur les marchés de l'énergie, il s'est effondré: s'il reste élevé, il est revenu ces dernières semaines à son niveau d'avant la guerre.

Et le pétrole? Pour Vladimir Poutine, ce n'est pas mieux. C'est même ces jours derniers une sorte d'hallali pour le maître du Kremlin, qui voit le second pilier de sa stratégie s'effondrer. Comme le décrit aussi Bloomberg, l'or noir de l'Oural a tant perdu de sa superbe qu'il se vendait à la moitié des prix du reste du marché mondial, soit 38 dollars le baril, mardi 10 janvier.

C'est bien en deça du «cap» fixé par le G7 et l'Union européenne, qui n'a donc même plus lieu d'être, tant le marasme est grand pour le pétrole russe. Le 5 décembre est en effet entré en vigueur l'embargo européen sur l'hydrocarbure russe, faisant perdre à Moscou l'un de ses plus gros clients historiques.

Pendant des mois, la Russie s'est tournée vers l'Inde ou la Chine pour écouler son or noir, mais la demande semble là aussi en baisse, notamment du fait de prix entrant en compétition avec ceux du pétrole moyen-oriental, du fait du renchérissement d'un transport maritime plus long.

Bref, le désastre n'a pas eu lieu pour l'Occident et les alliés de l'Ukraine. Avec un déficit budgétaire en train d'exploser, l'économie russe et le financement de sa guerre en Ukraine souffrent en revanche déjà de la baisse drastique des revenus issus de deux de ses ressources principales. Celles par lesquelles elle pensait tenir le reste du monde: pour l'instant, c'est raté.

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