La calotte glacière du Groenland est la source de 8% des sédiments fluviaux en suspension qui se déversent dans l'océan. | Annie Spratt via Unsplash
La calotte glacière du Groenland est la source de 8% des sédiments fluviaux en suspension qui se déversent dans l'océan. | Annie Spratt via Unsplash

La fonte des glaciers du Groenland révèle un cadeau très empoisonné

Sous la glace, une ressource aussi lucrative que problématique.

Bien que plusieurs déserts de notre planète en soient entièrement constitués, le sable reste un matériau si demandé que certaines mafias se le disputent à mort.

C'est parce que ces guerres concernent un type de sable bien particulier: celui que l'on utilise pour faire du béton et construire des infrastructures. Et c'est précisément ce sable si précieux que l'on trouve dans les restes de glaciers fondus du Groenland, comme l'explique Wired.

Le réchauffement climatique est à l'origine de la destruction de la calotte glaciaire de l'île, produisant, de fait, une immense quantité d'eau de fonte chargée du bon type de sable pour la production de béton.

Même si le Groenland ne mesure que trois fois la taille du Texas, sa calotte glaciaire est à la source de 8% des sédiments fluviaux en suspension qui se déversent dans l'océan. Le pays doit désormais décider si l'exploitation à plus grande échelle de ce sable serait tenable économiquement, socialement et, surtout, écologiquement.

«C'est une idée plutôt controversée: nous disons que le Groenland peut bénéficier du changement climatique, affirme Mette Bendixen, une géographe de l'Université McGill, à Montréal. Contrairement à la plupart des autres parties de la côte arctique, le Groenland ne s'érode pas. Il est même en train de s'agrandir, parce que la calotte glaciaire fond. On peut donc la penser comme une sorte de robinet qui déverse non seulement de l'eau, mais aussi des sédiments.»

La scientifique explique que contrairement au sable que l'on trouve dans le Sahara, qui est trop arrondi, ce type de matériau est parfait pour faire du béton: les particules provenant du Groenland sont plus fraîches et au lieu d'agir comme des billes, elles s'emboîtent comme les pièces d'un puzzle.

Marchands de sables

Le Groenland récolte déjà ce sable pour la production locale de béton, mais il est réservé aux entreprises nationales qui doivent obtenir un permis, fourni par l'administration après un examen environnemental.

Et si le gouvernement n'est pas opposé à une extraction destinée à l'exportation, celle-ci sera traitée comme toute autre activité minière: avec des réglementations et des évaluations d'impacts environnementaux et sociaux.

Or, Mette Bendixen affirme que les conséquences environnementales de cette extraction pourraient être importantes. D'abord parce que les bateaux qui serviraient à amener le sable vers les ports internationaux risqueraient d'introduire des espèces envahissantes au large du Groenland.

Ensuite, le dragage (soit le fait d'extraire les matériaux situés sur le fond d'un plan d'eau) des sédiments côtiers mettrait davantage en danger les espèces locales, et les opérations minières pourraient effrayer le gibier dont dépendent les chasseurs inuits.

Mette Bendixen et ses collègues ont publié une enquête le 18 août dernier sur l'opinion des Groenlandais concernant l'extraction du sable: il en ressort que 84% des résidents adultes y sont favorables. Néanmoins, le modèle économique d'une telle exportation de sable groenlandais, à l'heure où la demande mondiale est immense, n'est pas encore tout à fait clair.

Le gouvernement du Groenland a d'ailleurs travaillé avec un cabinet de conseil qui a conclu que l'exportation du sable vers l'Europe n'est pas économiquement réalisable pour le moment. S'ajoutent à cela d'autres critères tels que l'évolution future des coûts d'exportation et le fait que le Groenland pourrait alors se retrouver en concurrence avec l'Europe.

Enfin, le paradoxe est notable, un monde avec plus de récolte de sable pour fabriquer du béton signifierait aussi plus d'émissions de dioxyde de carbone, plus de réchauffement et donc toujours plus de fonte de la calotte glaciaire.

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