Le béton est partout. Avec ce que l'on produit chaque année sur la planète, on pourrait construire un mur de 30 mètres de haut tout le long de l'équateur.
Cette industrie est coûteuse pour l'environnement: elle représente à elle seule 8% des émissions mondiales de carbone. Ce bilan devrait encore s'alourdir dans les années à venir, à mesure que la population mondiale s'accroît et que les villes prolifèrent dans les pays en développement.
En réalité, précise Wired, c'est le ciment qui pose problème. La préparation de cette base, à laquelle on ajoute du sable et des granulats pour obtenir du béton, nécessite une combustion de plusieurs matériaux à presque 1.500°C.
Or, chauffer un four à cette température se fait le plus souvent avec des combustibles polluants, comme le charbon, et les processus chimiques associés rejettent également du dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère.
Du CO2 pour rejeter moins de CO2
Au Canada, l'entreprise CarbonCure planche depuis 2007 sur des procédés de fabrication plus respectueux de l'environnement. Sa technique principale s'appuie sur un concept simple: remplacer une partie du ciment nécessaire à la préparation du béton par du dioxyde de carbone.
CarbonCure injecte ce CO2liquéfié (auparavant capturé dans des usines fabriquant de l'ammoniaque ou de l'éthanol) dans le béton pendant la phase de mélange avec les granulats, le sable et le ciment.
Le dioxyde de carbone réagit alors avec les autres ingrédients pour créer une nouvelle molécule, le carbonate de calcium, qui remplace une partie du ciment qui aurait été requise lors d'un processus classique.
En appliquant cette méthode, les besoins en ciment des entreprises clientes de CarbonCure ont été réduits de 5% à 20%; leurs émissions de carbone comme leurs dépenses ont donc été revues à la baisse.
À ce jour, l'invention a été adoptée par plus de 200 producteurs en Amérique du Nord et à Singapour, et CarbonCure estime avoir évité 64.000 tonnes d'émissions de carbone.
L'impact est toutefois minuscule à l'échelle de l'industrie du béton. Afin de démocratiser son procédé, l'entreprise canadienne rêve désormais d'attirer davantage d'investisseurs privés comme publics –Breakthrough Energy Ventures, un fonds notamment soutenu par Bill Gates, a apporté son soutien financier en 2018.
D'autres techniques de fabrication de béton décarboné ou plus économe sont en cours de développement ou déjà employées un peu partout dans le monde.
L'une des solutions les plus innovantes, elle aussi en partie financée par les œuvres philantropiques de Bill Gates, consiste à utiliser le soleil pour chauffer le ciment, ce qui permet de se passer des polluants habituels.