Le concept d'un gobelet en plastique réutilisable 132 fois peut sembler superflu. Après tout, semble vous murmurer le mug rempli de café fumant qui trône sur votre bureau, vous utilisez la même tasse depuis trois ans.
Le besoin de ce gobelet et du programme dédié, baptisés CupClub, répond pourtant à un constat bien précis: 600 milliards de gobelets sont jetés chaque année à travers le monde. Qu'ils soient en plastique ou en carton, il est généralement impossible de les recycler.
Les gobelets en papier ne sont pas la solution au problème. «La doublure en plastique à l'intérieur du gobelet et le papier à l'extérieur sont fusionnés ensemble, indique Safia Qureshi, l'architecte et designer à l'origine de CupClub, à The Fast Company. Dès que vous combinez des matériaux, vous rendez presque impossible la séparation qui permettra de les recycler.»
Le plus complexe, a-t-elle remarqué, n'est pas tant de concevoir le produit miracle que de changer les comportements. «Nous devions créer un service facile à utiliser, raconte-t-elle. Il fallait éliminer tout ce que [les gens] n'ont pas envie de faire: se souvenir d'emmener leur gobelet, puis de le ramener chez soi et de le laver, le remettre dans le sac, et répeter la même chose encore et encore, jour après jour.»
Concept déjà éprouvé
L'idée de Safia Qureshi est plutôt simple –c'est ce qui la rend si intéressante. En juin 2019, elle a lancé CupClub, une entreprise qui créé des gobelets pour les cafés londoniens. Composés uniquement de plastique et non de deux matériaux comme les gobelets en papier, les récipients peuvent être utilisés 132 fois avant d'être recyclés.
Après s'en être servi, la clientèle peut jeter son gobelet dans une poubelle spéciale, dans le café où a été achetée la boisson ou dans un autre établissement de la ville. CupClub collecte les mugs synthétiques tous les jours, les nettoie avec des lave-vaisselle industriels puis les redistribue.
Pour le moment, CupClub repose sur un système d'adhésion. Celle-ci est gratuite, mais l'application du programme permet de surveiller la circulation des gobelets et si quelqu'un ne ramène pas le sien, l'entreprise lui facture pour environ 2,7 euros.
«C'est quelque chose que l'on dit clairement dès le téléchargement de l'application, insiste Qureshi. Nous expliquons que nous sommes passionnés par l'idée de sauver la planète, mais que nous avons besoin que les clients rendent les gobelets pour que le système fonctionne.»
S'il semble plutôt illusoire d'imaginer ce système s'installer en France ou aux États-Unis, il fonctionne en réalité déjà parfaitement dans de nombreux pays.
En Inde, par exemple, des stands de rue proposent du thé chai dans des gobelets en inox, que les commerçant·es récupèrent et lavent après utilisation. Dans des marchés du monde entier, notamment en Asie du Sud-Est, le groupe Coca-Cola lui-même vend ses boissons dans des bouteilles en verre réutilisables.