C'est l'évidence même: pour faire baisser la consommation de plastique d'un pays, l'une des pistes consiste à obliger les grandes chaînes et leur clientèle à favoriser les sacs réutilisables et à se passer de ceux que l'on jette après chaque achat.
Mais l'évidence peut parfois se heurter aux manies des consommateurs et consommatrices. Une étude sur la question du plastique dans la grande distribution au Royaume-Uni, conjointement publiée par Greenpeace et l'Environmental Investigation Agency, montre ainsi qu'il reste un sacré bout de chemin à parcourir pour que les habitudes des un·es et des autres s'alignent avec l'indispensable maîtrise de notre consommation de plastique.
Outre-Manche comme ailleurs, notamment en France où ils ont été purement et simplement interdits, la puissance publique a tenté de remédier au problème –en l'occurrence en taxant les sacs plastiques à usage unique.
Sont donc apparus dans les supermarchés des sacs surnommés «bags for life» (des «sacs pour la vie») plus solides, dont la fabrication nécessite plus de matière plastique, mais destinés à être réutilisés d'un magasin à l'autre, d'une semaine sur l'autre, d'un mois sur l'autre.
54 sacs par foyer en 2019
Mais en 2019 et selon l'étude, les dix plus grandes chaînes de distribution britanniques ont indiqué avoir fourni 1,5 milliard de ces pochons réutilisables, soit 54 «sacs pour la vie» par foyer britannique.
Et si le rapport explique que la surtaxe sur les sacs à usage unique a permis de faire baisser leur distribution de 83%, cette baisse a été plus que compensée par la multiplication de «bags for life» dont la durée de vie n'excède finalement quelques heures.
Au total, et malgré la prise de conscience générale du problème posé par notre dépendance au plastique, les mêmes supermarchés ont échoué à diminuer leur recours à cette matière à tout faire et à tout polluer.
L'usage total du plastique par les grandes chaînes de distribution est ainsi passé de 886.000 tonnes en 2017 à 903.000 tonnes l'année suivante. Une hausse portée notamment par ces sacs réutilisables non réutilisés, mais aussi par des marques qui, note le rapport, n'ont pas fait les efforts requis pour mettre le holá à leurs vieilles pratiques de suremballage.