Dans la plupart des cas, la loi oblige les grandes agences spatiales à soutenir l'économie de leur pays d'origine. C'est notamment le cas de la NASA qui, entre autres missions, a celle d'assurer le succès d'entreprises américaines intervenant dans le domaine spatial.
Aux États-Unis, toute société souhaitant se lancer dans cette activité est contrôlée d'une manière ou d'une autre par l'agence gouvernementale. Mais alors que la donne évolue, la NASA doit composer avec les récentes initiatives du secteur privé et opter pour une approche multipartite.
Les questions soulevées par cette nouvelle économie spatiale demeurent très terre à terre: politique de concurrence, droit du travail, imposition des entreprises… –autant de paramètres inhérents au système capitaliste qui ne manque pas, sur la planète bleue, de susciter critiques et oppositions. La conquête de l'espace ne pourrait-elle pas être l'occasion de s'essayer à un autre paradigme?
Selon l'économiste Mariana Mazzucato, qui a conseillé la NASA sur la création d'une économie dédiée aux projets en orbite basse, les agences spatiales adoptent trop souvent une position consistant à conforter des marchés existants plutôt qu'à en créer de nouveaux.
La spécialiste en veut pour preuve la réussite du service de transport commercial orbital (Commercial Orbital Transportation Services) de la NASA, pour lequel l'agence américaine a travaillé en collaboration avec SpaceX et Boeing, créant ainsi un marché du transport cargo vers la Station spatiale internationale–et une concurrence tendue.
L'initiative a permis d'importants gains de productivité: le centre de recherche Ames de la NASA estime que le coût commercial des lancements a été divisé par vingt en une décennie.
Vers un nouvel écosystème
Si ce modèle de partenariat public-privé a fait ses preuves, la NASA espère désormais mettre en place un véritable secteur d'activité spatiale en orbite basse, où se rejoindraient entreprises commerciales et ONG venues des quatre coins du monde.
D'après le journaliste Tim Fernholz, la création de ce nouvel écosystème ne pourra se faire que sous l'égide de l'agence américaine, qui devra se charger de répondre aux questions épineuses de la propriété intellectuelle et de gérer un secteur complexe, sans rien perdre de son expertise ni oublier un intérêt scientifique universel dépassant largement les enjeux financiers.
À l'heure où les entreprises privées investissent toujours plus dans l'espace, il lui semble également primordial que les agences spatiales gardent la main sur le développement de cette nouvelle économie.
Fernholz en est persuadé: si l'on veut un jour assister à la conception d'habitations humaines orbitales, à l'exploitation de l'énergie solaire ou à l'extraction de minerais sur les astéroïdes, cela ne pourra se faire qu'à partir de règles et de directives édictées par les agences spatiales, auxquelles il convient de réfléchir dès aujourd'hui.