Si la pandémie de Covid-19 a poussé une partie de l'Europe à protéger ses emplois avec des dispositifs de chômage partiel en attendant que la crise passe, les États-Unis n'ont pas fait ce choix.
La main-d'œuvre américaine perd ses jobs, en masse et très soudainement. Entre le 16 et le 28 mars, près de 10 millions de personnes ont déposé une demande d'allocation chômage.
Face à un effondrement si brutal, une question se pose immédiatement: comment les individus ayant perdu leur emploi, s'ils ne sont couverts par aucun type d'assurance, pourront-ils continuer à payer leur loyer?
Casse-tête urgent
En France, la décision est nationale: la trève hivernale, qui interdit d'expulser les locataires pendant l'hiver, a été prolongée de deux mois, jusqu'à la fin du mois de mai.
Aux États-Unis, en revanche, ce genre de mesure est pour l'instant prise de manière indépendante par les autorités locales –villes ou États. Dans un pays où les assurances chômage sont souvent minimales sinon inexistantes, la situation est devenue un casse-tête à résoudre de toute urgence.
Certaines municipalités, comme Los Angeles, où la plupart des habitant·es sont locataires, ont mis en place un mémorandum contre les expulsions: en cas d'impossibilité de payer le loyer, il offre un délai d'un an pour rembourser les sommes dûes, à condition d'avoir rempli un dossier attestant que la perte d'emploi est liée à la crise du coronavirus.
À New York, la mairie songe à autoriser les locataires à payer leur loyer d'avril avec leur caution. Cette idée est notamment défendue par Ankur Jain, le fondateur de Kairos, une start-up décidée à réduire le montant de ces dépôts de garantie.
«Il y a plus de 45 milliards de dollars de cautions qui sont gelés en ce moment, explique l'entrepreneur à Fast Company, qui précise que la flambée des loyers s'est logiquement accompagnée d'une majoration des cautions. Quelle meilleure opportunité d'utiliser cet argent que d'aider à couvrir les loyers du mois prochain?»
Au niveau de l'État de New York, le sénateur Michael Gianaris a déposé une proposition de loi prévoyant un gel des loyers pendant quatre-vingt-dix jours. «Les locataires qui n'ont pas les revenus ne vont clairement pas payer leur loyer, avertit-il. Que l'on organise une structure légale autour de ce fait ou non, il faut reconnaître la réalité de ce qui va se produire.»
Outre ces mesures d'urgence, et face à une crise qui ne s'apaisera pas du jour au lendemain, c'est dans la durée qu'un filet de sécurité devra être imaginé pour protéger les locataires de l'expulsion, sans pour autant pénaliser les propriétaires et provoquer un effet domino dévastateur.