Alors qu'elle se démocratise peu à peu, les pouvoirs publics se penchent de près sur la crypto, une industrie très remuante, générant des milliards de dollars (donc d'euros) et encore très peu régulée. Dernière marque d'intérêt en date, la SEC, l'organisme qui réglemente les marchés financiers aux États-Unis, a annoncé doubler la taille de son unité crypto, ce qui n'est pas pour plaire aux partisans des monnaies numériques totalement décentralisées.
Puisqu'Oncle Sam a tant envie de s'intéresser à elle, l'industrie a donc décidé de prendre le problème à bras le corps, et d'investir en politique. Ça tombe bien, les partis politiques sont en ce moment en train d'organiser des primaires afin de déterminer quels candidats participeront aux «midterms», élections lors desquelles les États-Unis renouvellent l'assemblée et la moitié du Sénat.
D'après OpenSecrets, un organisme qui étudie les mouvements des lobbys, les dons politiques de l'industrie crypto excèdent d'ores et déjà de deux tiers la somme dépensée lors de l'année électorale 2020. Le milliardaire fan de bitcoins Peter Thiel a par exemple versé 10 millions de dollars (9,47 millions d'euros) pour soutenir J.D. Vance, un candidat adoubé par Donald Trump qui est parvenu à gagner la primaire républicaine de l'Ohio.
La crypto, le bon filon politique
Thiel, toujours lui, a organisé une levée de fonds pour la Républicaine Harriet Hageman dans le Wyoming. Le co-PDG de la plateforme d'échange crypto FTX a investi dans un «comité d'action politique» appelé American Dream Federal Action (ADFA), qui a versé des centaines de milliers de dollars afin de peser sur les primaires républicaines de l'Arkansas et de l'Indiana. Les faveurs des milliardaires de la blockchain ne bénéficient cependant pas qu'aux Républicains, puisque l'autre co-PDG de FTX a participé financièrement à la campagne d'une Démocrate de l'Ohio.
Si ces sommes ne représentent qu'une petite partie des fortunes investies dans les élections, qui outre-Atlantique se gagnent souvent à coup de millions, elles intéressent fortement les stratèges politiques. Ces derniers y voient une nouvelle source de financement à haut potentiel.
La firme de conseil républicaine IMGE a notamment souligné dans un rapport que «les candidats ayant mis l'industrie des cryptos au centre de leur campagne ont ramassé 7,3 millions de la part de d'acteurs pro-crypto».