Depuis des mois, la partie la plus interventionniste de l'administration Trump mène une campagne peu discrète pour que le pays accélère le déploiement de la 5G.
Plusieurs responsables avançaient même l'idée de la nécessité pour la nation de bâtir elle-même un réseau national mis entre les mains, dans un premier temps du moins, d'un acteur étatique.
Course à gagner
La Maison-Blanche a dû démentir: non, elle ne sortira pas des clous du free market –ce qui ne l'empêchera pourtant pas d'intervenir massivement pour accélérer la cadence.
«La course à la 5G est une course que les États-Unis doivent gagner, a déclaré Trump le 12 avril. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous faire dépasser pas un quelconque rival dans cette industrie cruciale pour le futur.»
Une fois n'est pas coutume, Donald Trump dit vrai: la 5G est cruciale pour l'avenir économique de nations entières, infiniment plus que les précédentes générations de réseaux cellulaires.
Comme le synthétise Axios, la 5G ne vous permettra pas seulement de regarder Netflix en plus haute définition ou de jouer avec moins de latence à Fortnite: elle est une indispensable clé pour l'avenir des villes connectées, pour l'avènement des véhicules autonomes ou de la médecine du futur, et aura des répercussions importantes dans le domaine de la production industrielle.
La 5G devrait plus généralement s'insérer dans chacun des domaines de l'activité humaine, hormis peut-être la pêche, la cuisson des cookies et les siestes –encore que.
Axios rappelle également que c'est le déploiement rapide de la 4G et l'avance qu'avaient alors les États-Unis dans le domaine de la téléphonie mobile qui a permis à des acteurs omniprésents et tout-puissants comme Uber d'émerger. Mais cette avance est en train de se transformer en retard, en particulier sur le rival économique principal du pays, la Chine.
Grande vente aux enchères
Trump et la Commission fédérale des communications (FCC) ont donc décidé de passer à l'offensive. Le 10 décembre 2019 seront mises aux enchères les fréquences qu'utiliseront les opérateurs pour déployer leurs réseaux. Faisant suite à deux déploiements d'envergure limitée, celui annoncé par la FCC pour la fin de l'année sera massif.
Il pourrait même être le plus grand de l'histoire des télécommunications américaines: «Nous allons allouer plus de spectre pour la 5G commerciale que l'intégralité de celui dont disposent aujourd'hui tous les opérateurs combinés», a promis Ajiit Pai, patron de la FCC, à Bloomberg.
La FCC a également pris les devants sur un plan législatif, en dérégulant et en facilitant les procédures d'installation des cellules nécessaires à l'utilisation des fréquences concernées.
L'administration Trump a également annoncé un plan d'investissement de plus de 20 milliards de dollars [environ 17,7 milliards d'euros] sur dix ans, pour ne pas laisser l'Amérique rurale à la traîne des grandes métropoles et accélérer le déploiement de la fibre optique.
Avance chinoise
Reste, comme le note Axios, un petit hic pour les États-Unis: la Chine est déjà en avance, mais elle risque de l'être encore plus dans les années qui viennent.
Si le pays dirigé par Xi Jinping peut compter sur le géant Huawei –blacklisté par l'administration Trump et placé sous surveillance en Europe en raison de soupçons d'espionnage–, les États-Unis, eux, ne disposent pas d'un tel spécialiste en infrastructures.
Ils devront compter sur d'autres acteurs tels que Nokia, Ericsson ou Samsung –ce qui pourrait donner à la Chine suffisamment de poids pour orienter l'avenir technologique de la génération à venir.