Du jour au lendemain, l'épidémie de coronavirus a forcé des millions de personnes à travailler à la maison, et nombre de patrons redoutent déjà que leur personnel n'en profite pour se la couler douce.
Ces dernières semaines, les ventes de logiciels de surveillance du télétravail ont explosé aux États-Unis, rapporte Bloomberg. Une fois téléchargés sur un ordinateur, ces outils enregistrent ce qu'une personne tape sur son clavier, ainsi que les sites internet qu'elle consulte.
«Nous avons remarqué que des individus profitaient abusivement des horaires flexibles», a écrit le PDG de la banque Axos Financial à ses salarié·es, le 16 mars dernier. La direction a indiqué que des captures d'écran seraient réalisées toutes les dix minutes, afin que la productivité reste forte.
Contrairement à la France, où le recours à ces logiciels est encadré et strictement limité, les chefs d'entreprise américains peuvent les utiliser librement, tant qu'ils préviennent leur équipe.
Une photo toutes les cinq minutes
Les systèmes de surveillance, parmi lesquels Time Doctor, Teramind, VeriClock, ActivTrak ou encore Hubstaff, permettent non seulement de compiler tous les clics des employé·es, mais aussi de mesurer leur productivité, par exemple grâce à un décompte du nombre de mails envoyés.
Une représentante de Hubstaff avance que ces logiciels sont également une bonne façon de mesurer sa propre productivité et de «prouver à votre manager que vous êtes capable de travailler de manière autonome».
D'autres employeurs demandent aux membres de leur équipe de rester connectés en visioconférence toute la journée, afin que chacun soit visible et disponible à tout moment.
Dans la même veine, Business Insider souligne le récent engouement pour Sneek, un logiciel de visioconférence pouvant être configuré pour prendre une photo des salarié·es d'une entreprise toutes les cinq minutes, via leurs webcams. Leurs visages apparaissent alors sur un «mur de visages», grâce auquel l'employeur peut garder son équipe à l'œil.
Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, le cofondateur de Sneek parle d'une multiplication par dix des ventes. Selon lui, le logiciel permet avant tout de rester facilement en contact avec ses collègues, puisqu'il suffit de cliquer sur le visage d'une personne pour lancer une conversation vidéo.
Parions néanmoins que cette fonction de communication est aussi utilisée à des fins de surveillance par des patrons inquiets de ne plus avoir leurs employé·es sous la main au bureau.