Depuis des décennies, l'image traditionnelle du foyer américain était celle d'une famille où les enfants grandissent chez leurs parents avant de quitter le domicile à leur majorité, pour entrer dans la vie active ou pour poursuivre des études supérieures.
Mais en 2019, cette représentation ne reflète plus tout à fait la réalité. D'après une étude de la firme John Burns Real Estate Consulting, 41% des Américain·es qui achètent aujourd'hui une maison pensent désormais à y loger un enfant d'âge adulte ou un proche parent.
Renforcement du lien familial
Pourquoi ce changement de modèle? En période de crise, vivre à plusieurs comporte des bénéfices économiques évidents. Le contact intergénérationnel permet quant à lui de lutter contre la solitude des personnes âgées, en favorisant leur proximité avec les plus jeunes.
Mais d'autres facteurs sont à prendre en compte. D'après Katie McCamant, architecte et consultante en habitation communautaire, la hausse des ménages multigénérationnels est le fruit d'un véritable changement des mentalités.
Si depuis les années 1950, l'accès à la propriété, synonyme d'indépendance et de liberté, était l'objectif de toute une vie, la donne est en train de changer: «On a accordé tellement d'importance à l'indépendance et à la vie privée que l'on a complètement perdu de vue l'idée de communauté.»
Cet avis est partagé par Chris Porter, qui travaille pour le cabinet de consulting John Burns Real Estate: «Aujourd'hui, le lien entre les jeunes adultes et leurs parents est beaucoup plus fort qu'auparavant.»
Deux maisons sous le même toit
Le marché de l'immobilier américain est encore largement dominé par le modèle des maisons unifamiliales, mais certains constructeurs ont déjà flairé le filon.
À commencer par le leader du secteur, Lennar, qui propose depuis 2011 des maisons multigénérationnelles comprenant plusieurs niveaux. La ligne «Next Gen», qui a pour slogan «Deux maisons sous le même toit», prévoit entre autres des entrées et des garages séparés.
De son côté, l'entreprise Mosaic Design conçoit des plans de rénovation spécialement adaptés pour l'accueil des seniors.
L'avenir est dans la coloc
La maison multigénérationnelle s'inscrit dans une tendance générale à la cohabitation. En 1980, seulement 12% des Américain·es vivaient en colocation avec plusieurs adultes, contre 20% aujourd'hui –soit pas moins de soixante-quatre millions de personnes.
Longtemps réservée aux jeunes, cette forme de cohabitation est désormais appréciée des familles et des seniors. Outre les avantages économiques et sociaux précédemment évoqués, vivre à plusieurs permettrait également de réduire l'empreinte carbone par habitant·e.
D'après une récente étude conduite sur des villes de Californie, la cohabitation serait d'ailleurs «le meilleur moyen de réduire la pollution par gaz à effet de serre». Nul doute, donc, que ce modèle a de beaux jours devant lui.