L'une des raisons pour lesquelles les marchés financiers mondiaux ont été si démunis face au coronavirus est qu'il est compliqué d'anticiper face à une épidémie inédite. Sauf à être en contact direct avec les expert·es en épidémiologie, difficile de prévoir l'ampleur de la catastrophe.
C'est pourtant exactement ce dont sont accusé·es deux parlementaires américain·es. Richard Burr et Kelly Loeffler sont ainsi soupçonné·es d'avoir utilisé des informations confidentielles en leur possession afin de commettre des délits d'initiés.
Début janvier, Loeffler a participé a une réunion du comité de santé du Sénat dédiée au coronavirus. Y participaient le président des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ainsi que le directeur de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses.
À la suite de ce rendez-vous, Loeffler a effectué vingt-neuf transactions à la bourse. La quasi-totalité d'entre elles étaient des ventes, pour l'équivalent de plus d'un million de dollars [930.000 euros]. La sénatrice a toutefois procédé à un investissement: dans Citrix, une entreprise spécialisé dans le télétravail.
Kelly Loeffler est la membre la plus riche du Sénat des États-Unis. Elle est mariée à Jeffrey Sprecher... qui préside la Bourse de New York.
Alerte précoce
Proche de Donald Trump, Richard Burr est à la tête du comité du Sénat lié au renseignement –autant dire que c'est un homme très bien informé. En cette qualité, il a régulièrement été briefé sur l'avancement du virus et ses potentielles conséquences.
Mi-février, Burr a vendu des actions valant entre 628.000 et 1,7 million de dollars. À la fin du mois, au cours d'un dîner dans un club privé, Burr prévenait ses convives que le virus était «plus agressif que tout ce que l'on a vu dans l'histoire récente» et aurait très probablement de graves conséquences sur l'économie.
Ces deux parlementaires sont Républicain·es. Or, à l'époque de leurs transactions, la position officielle du Parti républicain et de Donald Trump était de minimiser les risques du virus.
Quelques jours après son boursicotage, Burr écrivait ainsi dans une tribune pour Fox News que «les États-Unis n'ont jamais été aussi préparés» pour l'épidémie, et cela grâce à l'administration Trump.
Loeffler, quant à elle, accusait en février les Démocrates d'exagérer les risques et tweetait le 10 mars que «les consommateurs sont forts et les emplois sont forts, ce qui nous met dans la meilleure position économique possible pour battre le Covid-19».