Après des années de scandales en matière de protection de nos vies privées, Facebook tente de se racheter. La dernière idée en date de l'entreprise n'aura pas pour objectif d'améliorer ses pratiques –elle n'aura d'ailleurs même pas d'effet en ligne.
C'est cette fois dans le monde physique que la société de Mark Zuckerberg veut imprimer sa marque. Facebook a ainsi annoncé qu'il ouvrirait ses propres cafés à travers le Royaume-Uni, d'ici à début septembre.
Officiellement, l'entreprise souhaite y faire un espace où vous pourrez apprendre à mieux contrôler vos paramètres de confidentialité. Et, ça fait plaisir, les boissons seront gratuites–du moins si vous consentez à ce petit cours d'éducation.
Du virtuel au physique
Officieusement, comme l'explique Fast Company, l'idée est d'extraire la marque Facebook de nos écrans pour la placer dans notre environnement physique direct. Un moyen de rendre l'entreprise, dont l'image a ces derniers mois été sévèrement écornée par les polémiques à répétition, plus sympathique. La société au pouce bleu a réussi à créer une forme d'agora virtuelle, qui pourra peut-être, à terme, trouver son pendant réel dans nos quartiers.
Mais elle n'est pas la seule grande entreprise du numérique à vouloir se fondre dans l'espace urbain. Dans le nouveau vent de l'économie de l'expérience, Facebook semble même très en retard par rapport à Apple, dont les boutiques sont depuis 2017 pensées comme des town squares et proposent des ateliers et événements pour vous apprendre à manier ses produits.
Google n'est pas en reste. Sa maison mère Alphabet, via la filiale Sidewalk Labs, a fait de Toronto son laboratoire grandeur nature en vue du développement de la ville connectée du futur. C'est carrément tout un quartier, nommé Quayside, que la firme souhaite concevoir et dont les premiers plans ont fuité début 2019.
Quayside est pensé comme un ensemble intégré: logements, bureaux, espaces publics, commerces seront tous modulaires, alimentés par une énergie propre, desservis par des transports intelligents. Et, bien sûr, interconnectés: le tout sera une mine d'informations et de données, dont Google compte bien faire usage.
«Retail apocalypse»
Ce surgissement des géants du net dans nos villes coïncide avec ce que les Américains nomment retail apocalypse, ou crise du commerce de proximité. Dans un monde post-Amazon, les centres-villes se dépeuplent à grande vitesse.
Aux États-Unis, 5.864 magasins ont mis la clé sous la porte en 2018. Ils sont déjà plus de 7.000 à avoir fermé mi-2019 et ce chiffre pourrait s'élever à 12.000 en fin d'année.
Peut-être faut-il alors s'attendre, outre-Atlantique comme sous nos longitudes, à ce que les grandes marques nées avec l'essor du net se décident à investir ces lieux abandonnés dans les rues commerçantes. La manière dont elles le feront et l'objectif final d'un tel transfert du virtuel au brick and mortar, outre d'évidentes raisons de marketing, restent encore à définir.