Mark Zuckerberg dévoile Libra lors d'une conférence le 1er mai 2019 à San Bernardino (Californie). | Justin Sullivan / AFP
Mark Zuckerberg dévoile Libra lors d'une conférence le 1er mai 2019 à San Bernardino (Californie). | Justin Sullivan / AFP

Quel avenir pour Libra, la cryptomonnaie de Facebook?

L'utilisation massive du réseau social est un atout pour permettre à l'entreprise de réussir là où d'autres ont échoué.

Comme pressenti depuis plusieurs mois, Facebook a annoncé le 18 juin l'arrivée de sa cryptomonnaie appelée Libra, qui servira de moyen de paiement rapide, bon marché et ne nécessitant pas de compte en banque. Révolution du secteur ou coup d'épée dans l'eau?

  • Cryptomonnaie light

La plus celèbre crypto, le bitcoin, est volatile et décentralisée. Elle plaît surtout aux spéculateurs ainsi qu'à celles et ceux qui s'intéressent à ce que peut offrir une monnaie basée sur la blockchain, que tout le monde peut miner à sa guise.

À l'inverse, Libra ressemble à une devise classique. Elle s'appuie sur trente entreprises (Uber, Visa, Spotify, etc.), membres d'une association qui fait office de banque centrale. Elle promet de s'appuyer sur diverses monnaies nationales (dollar, livre sterling, euro et yen), ce qui devrait l'empêcher de faire le yoyo et lui permettre d'attirer une clientèle plus large.

  • Crise de confiance

Le 6 mars dernier, Facebook a assuré effectuer un revirement vers la protection de la vie privée pour reconquérir la confiance de ses utilisateurs et utilisatrices, érodée par une longue liste de scandales de non-respect de leurs données. Pas sûr que ce soit suffisant pour convaincre sa clientèle de lui confier ses données financières.

  • Too big to fail?

Pour certains observateurs, la défiance envers Facebook sera largement compensée par le nombre de client·es. Car bien que personne ne fasse confiance à l'entreprise, tout le monde utilise ses services. Si une fraction seulement des 2,38 milliards de membres du réseau social adopte Libra, cela suffira à en faire un succès.

  • C'est dans les pots neufs qu'on fait les meilleurs confitures

Cet argument est à prendre avec des pincettes: Facebook compte à son actif: Poke et Slingshot (des équivalents à Snapchat), Places (destiné à remplacer Foursquare) et Messenger Payments (censé éclipser Lydia).

Tous ces projets sont des copies de services créés par des start-ups et misaient sur la préférence des internautes pour Facebook, où la plupart des gens ont déjà un compte, plutôt qu'une solution tierce. Tous ont échoué.

  • Assez d'avantages pour changer les habitudes?

En fin de compte, ces arguments ne sont valables que si le public s'y intéresse. Avec le paiement sans contact et les applis comme Lydia, il est déjà facile de payer de manière simple, rapide et dématérialisée.

Pourquoi s'encombrer d'un nouveau système? La blockchain est pour le commun des mortels plus obscure qu'une monnaie nationale sur son compte en banque.

Pouvoir, sans frais, régler des sommes inférieures au centime pourrait néanmoins s'avérer pratique dans certains secteurs, notamment la presse (paiement à l'article) ou la musique.

Si Libra trouve un public, il est à parier que ce sera dans les pays en développement, où les téléphones sont dans toutes les poches mais où beaucoup de monde ne dispose pas de compte bancaire. Libra peut également être utile dans des pays en crise comme le Venezuela, où l'hyperinflation fait rage.

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